La planète a-t-elle profité du confinement mondial ? La nature et les animaux ont repris leurs droits. Surtout, la quasi paralysie de l’activité économique a logiquement fait baisser les émissions de gaz à effet de serre.
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En Chine, les émissions ont diminué de 8% pendant le confinement, soit un peu plus qu’aux Etats-Unis
Sur les 4 premiers mois de l’année, de janvier jusqu’à fin avril, les émissions de CO2 ont chuté de 8,5% dans le monde comparé à 2019. C’est le résultat d’une étude menée par une équipe internationale composée notamment du français Philippe Ciais, directeur de recherche au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. « Cela concerne presque tous les secteurs, mais pas à la même vitesse, explique-t-il. La production d’électricité, on est à moins 4%. Le secteur routier a chuté de 30% dans le monde et la production industrielle de 8,5% ».
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Une telle chute n’était plus arrivée depuis la 2nde Guerre mondiale. En Chine, les émissions ont diminué de 8%. Elles ont baissé d’un peu plus de 6% aux Etats-Unis et de 12,5% en Europe. En France, c’est encore plus. « On parle d’une baisse assez forte, d’environ 14%. Comme en France, l’électricité n’émet pas de CO2, puisqu’elle essentiellement issue du nucléaire, c’est essentiellement le transport et le chauffage urbain qui sont responsables des émissions », précise Philippe Ciais.
Pollution : le confinement a bien amélioré la qualité de l’air en Ile-de-France #Environnement https://t.co/JFlm9PxaQk
— Le Parisien Ma Terre (@LP_MaTerre) May 15, 2020
Pendant le confinement, d’après le Haut Conseil pour le climat, les émissions de CO2 auraient ainsi chuté de 30% en France. Mais Philippe Ciais reconnaît qu’il a été surpris par cette baisse de 8,5%. Il s’attendait à plus.
« La lutte contre le changement climatique a besoin de mesures de long terme, pas d’une année blanche », pour François Gémenne du GIEC
En fait, les émissions structurelles, indépendantes ou presque du confinement, sont beaucoup plus importantes. « Les émissions liées à la déforestation, à la production d’électricité n’ont pas baissé, détaille François Gémenne, membre du GIEC et chercheuse spécialiste en géopolitique de l’environnement. Cela montre que la plupart des émissions qui sont liées à nos choix individuels de consommation est assez limitée. La part est comprise entre 25% et 40%, selon les pays. Si on veut lutter efficacement contre le changement climatique, il faudra prendre des mesures structurelles ».
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D’autant que l’on s’attend à un rebond de ces émissions. C’est déjà le cas en Chine, où les émissions sont revenues à un niveau similaire ou presque à celui de 2019. Cela devrait être le cas un peu partout dans le monde, dans les semaines et les mois qui viennent. Résultat, cette baisse, certes importante mais temporaire, ne permettra pas d’enrayer le changement climatique. « Sur le long terme, le confinement ne va absolument rien changer, déplore François Gémenne. La lutte contre le changement climatique a besoin de mesures de long terme et pas d’une année blanche. On est dans une question cumulative et pas dans une question de flux ».
#Coronavirus : la nature a (un peu) profité du confinement
? Une période cependant bien trop courte pour enrayer l’érosion massive de la biodiversité.https://t.co/PZhLpQsEik pic.twitter.com/ait5VuK92t
— La Croix (@LaCroix) May 18, 2020
Selon l’ONU, il faudrait que les émissions de gaz à effet de serre dans le monde diminuent de 7,6% par an, et pendant de nombreuses années, pour réussir à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d’ici la fin du siècle.
Baptiste Gaborit