Michelin a annoncé hier un plan de plus de 2.000 suppressions d’emplois en France. A l’échelle d’un Michelin qui au niveau mondial emploie 127.000 personnes ce n’est pas énorme. Mais en fait, tous les postes concernés sont en France, et ça représente quand même 10% des effectifs.
Chez Michelin, comme chez Total, Accor ou Danone, il faut tailler dans les effectifs
Dans plus de la moitié des cas, ces suppressions de postes seront des départs à la retraite anticipés et il n’y aura sans doute pas de licenciements secs. Bibendum va négocier. Mais on parle quand même d’un vrai plan d’économies. Ce n’est pas vraiment un effet de la crise de la Covid, même si la crise sanitaire et économique n’arrange rien. Quand le marché automobile français s’effondre de 25% et qu’on roule moins à cause des confinements, ce n’est pas bon pour le marché du pneu, pour ce qu’on appelle la première monte comme le remplacement. Mais cette restructuration tient plus à des phénomènes structurels que conjoncturels. La vérité c’est que même si elles ont été modernisées, une bonne partie des usines de Michelin en France ne sont plus assez compétitives. Et au niveau du siège il faut aussi chez Michelin comme chez Accor, Total, Danone ou d’autres, tailler un peu dans les effectifs.
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Michelin ne se comporte pas comme Bridgestone, qui ferme son site dans le Nord
Et ce n’est pas forcément un nouveau signe de notre désindustrialisation. Ca prouve que le tissu industriel doit rester compétitif s’il veut résister. Et dans le cas présent, Michelin ne se comporte pas comme Bridgestone qui a annoncé en septembre qu’ils allaient fermer leur site de pneus dans le Nord. Michelin ne ferme pas une nouvelle usine, mais le groupe veut qu’elles soient plus compétitives. Donc il restructure, il investit, il automatise sans doute davantage, il essaye de monter en gamme en France et surtout il veut aussi développer de nouvelles activités. Aujourd’hui Michelin c’est à plus de 90% du pneu. Si on veut maintenir des emplois en France, il faut inventer de nouveaux métiers. Dans les matériaux, l’hydrogène ou d’autres choses qui représenteront un jour plus du tiers des revenus. Une entreprise, ce sont des activités qui disparaissent, qui se délocalisent et d’autres qui naissent et qui recréent des emplois. Mais on dit souvent qu’un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’un arbre qui pousse. Aujourd’hui Michelin annonce une mauvaise nouvelle mais il n’y a pas de fatalité. En dépit de la crise, on doit investir pour préparer un rebond qui reste possible si on investit et qu’on innove.
David Barroux