Le coronavirus est-il à l’origine de la plus grave crise du transport aérien?

Les compagnies aériennes pourraient perdre plus de 100 milliards de dollars à cause de la crise du coronavirus, qui pourrait condamner les plus fragiles. A moins que les banques ou les gouvernements ne leur volent au secours.

Des répercussions plus importantes qu’après le 11 septembre

On est un peu dans la fiction. Pour l’instant, aucune certitude mais les compagnies aériennes constatent que les autorités interdisent de plus en plus de vols et que les avions sont de plus en plus vides. Du coup, l’IATA, l’association internationale qui regroupe les compagnies aériennes mondiales, fait ses calculs. Elle estime que si la crise dure encore et prend même de l’ampleur, le trafic mondial risque de s’effondrer. Du coup, le chiffre d’affaires des compagnies pourrait en cumulé chuter de près de 20% et le manque à gagner sur un an pourrait atteindre 113 milliards de dollars.

 

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C’est potentiellement la plus grave crise de l’histoire du transport aérien. Plus de 100 milliards, c’est beaucoup d’argent pour une industrie dont le chiffre d’affaires est d’environ 800 milliards de dollars. 100 milliards, c’est presque autant que les bénéfices cumulés de toutes les compagnies aériennes sur les quatre dernières années. Surtout, cette crise touche tous les segments du transport aérien : le long et le moyen courrier, la classe affaires, le low-cost et les compagnies historiques, qu’elles soient asiatiques, européennes ou américaines. Alors qu’en 2001, par exemple après, les attentats de 9 septembre, ce sont surtout les compagnies américaines qui ont payé la facture.

 

Alitalia, Air India ou Malaysia Airlines pourraient ne pas survivre au coronavirus

En 2003, lors du SRAS, c’était les compagnies asiatiques. Enfin en 2008, c’était surtout un problème d’accès à la liquidité. Cette fois, on est potentiellement face à une crise globale ; une vraie crise mondiale et durable du transport aérien. Dans les crises, les gros maigrissent et les maigres meurent. Dans le transport aérien, il y a déjà plein d’acteurs fragiles qui pourraient ne pas encaisser le choc. Il y a même des acteurs solides qui peuvent se retrouver en très mauvaise posture car dans l’aérien, les marges sont souvent faibles et les charges fixes élevées.

 

 

On doit rembourser les avions et payer le personnel. Quand les avions ne décollent pas ou quand ils volent à vide, on dépense presque autant alors que beaucoup moins d’argent rentre dans les caisses. Hier, Flybe, une compagnie anglaise a été la première à faire faillite. Elle ne sera sans doute pas la seule si la crise perdure et si les banques ou les gouvernements ne volent pas au secours d’acteurs qui vont vite manquer de passagers, mais aussi de carburant financier. Alitalia, Norwegian, Air India, Malaysia Airlines, Thai ou Ethiad allaient déjà mal avant le début de cette crise sanitaire. Le coronavirus pourrait leur être fatal.

 

David Barroux

 

Retrouvez le Décryptage Economique de David Barroux