Industrie verte : Que faut-il retenir du nouveau crédit d’impôt annoncé par Emmanuel Macron ?

Jacques Witt/SIPA

Emmanuel Macron a annoncé, hier, la création d’un crédit d’impôt industrie verte censé déclencher 20 milliards d’investissements en France d’ici à 2030. Une bonne nouvelle puisque c’est un signal nécessaire, mais pas forcément suffisant.

Ce crédit d’impôt est un signal nécessaire parce que face à l’IRA américain et à ses centaines de milliards de dollars de subventions, nous ne pouvons pas rester l’arme au pied si nous voulons exister dans l’économie du futur. Si nous voulons avoir une chance d’attirer, nous aussi, les méga-usines de la transition énergétique, comme celle que le taïwanais Prologium va implanter à Dunkerque, il faut répliquer au plan d’aide massif déployé par Washington.

Le problème est que le crédit d’impôt annoncé hier, aura une portée limitée. Il devrait permettre de favoriser une vingtaine de milliards d’investissements sur notre territoire d’ici à la fin de la décennie. C’est peu ! Alors, bien sûr, il s’inscrit dans un cadre plus large, celui de l’Union européenne dont le dispositif en la matière devrait progressivement s’étoffer. Mais, pour le moment, la riposte manque de souffle.

Les nouvelles centrales nucléaires et les usines de semi-conducteurs sont exclues du dispositif

D’autant que ce dispositif ne concernera que 4 secteurs : les panneaux solaires, les éoliennes, les batteries électriques et les pompes à chaleur. Les nouvelles centrales nucléaires ou les usines de semi-conducteurs notamment, en sont effectivement exclues. C’est l’effet d’un double verrou : Européen, d’abord. Bruxelles a fixé précisément la liste des technologies vertes pouvant bénéficier des aides d’Etat que constituent ce crédit d’impôt.

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Mais c’est aussi un verrou budgétaire. La mesure annoncée hier, n’a pas été chiffrée à ce stade. Pour être équivalente aux quelque 400 milliards de dollars de l’IRA américain, il faudrait y consacrer 40 milliards d’euros environ. Mais on risque d’être très loin du compte. Car le gouvernement a promis qu’elle ne pèserait pas sur les finances publiques, comme tout le projet de loi industrie verte.

Elle devra donc être compensée par des économies. En l’occurrence, par une réduction des niches fiscales accordées aux secteurs polluants. De quoi ramener dans les caisses 7 milliards d’euros au maximum. A condition évidemment, de résister à la levée de boucliers que va provoquer cette perspective dans l’aérien, les taxis et le transport routier. Ce qui est loin d’être acquis.

François Vidal

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