Faillite de la banque SVB : Pourquoi lutter contre l’inflation va être désormais beaucoup plus difficile

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La faillite de la Silicon Valley Bank ébranle depuis vendredi dernier l’ensemble de la planète financière. Et ce, jusqu’à rebattre les cartes de la lutte contre l’inflation.

 

Christine Lagarde donnera le ton lors de la prochaine réunion de la BCE demain

Cette faillite pourrait priver les banques centrales de l’arme des taux, le principal instrument à leur disposition pour tordre le cou à la hausse des prix. Cela entraînerait des conséquences majeures pour l’économie mondiale. Depuis un peu plus d’un an maintenant, la BCE et surtout la Fed relèvent à marche forcée leur taux d’intérêt. Elles tentent ainsi de refroidir la machine économique pour couper l’inflation à la racine. Mais cette stratégie, sans précédent dans l’histoire, tarde à produire ses effets. Pour le moment, elle a seulement permis de stabiliser l’inflation qui tournait autour de 6%, le mois dernier aux Etats-Unis. C’est encore beaucoup. Un nouveau tour de vis est donc nécessaire. Le problème, c’est que la faillite de SVB le leur interdit ou presque.

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Mais alors, pour quelles raisons ? Parce que le crash de la banque des startups californiennes est le symbole des dégâts qu’a provoqués la hausse accélérée des taux d’intérêt sur les bilans bancaires. Ce mouvement a en effet réduit significativement la valeur des énormes stocks d’obligations d’Etat et d’entreprises accumulés par les banques ces dernières années. Elle les a appauvries et a placé les plus petites d’entre elles dans une situation délicate, comme l’a prouvé la faillite de SVB balayée en quelques heures quand des craintes sont apparues sur sa solidité. Continuer à relever les taux, c’est donc prendre le risque de déclencher un effet-domino comparable à celui de 2008. En clair, la Fed et la BCE se retrouvent face à un dilemme : faire une pause dans la lutte contre l’inflation ou fragiliser encore un peu plus le secteur financier dans son ensemble. Un choix cornélien, qu’il va pourtant falloir trancher. Et c’est Christine Lagarde qui donnera le ton, puisque la prochaine réunion de la BCE a lieu dès demain.

François Vidal

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