Emploi : Pourquoi 30% des chômeurs ne demandent pas leurs indemnisations?

ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Près d’un chômeur sur trois ne réclame pas ses indemnisations, selon une étude inédite que le ministère du Travail vient de transmettre au Parlement. Deux raisons expliquent ce non-recours, généralisé chez les salariés en fin de CDD, les intérimaires et les chômeurs qui retrouvent rapidement un emploi.

50% de ceux qui ne réclament pas leur indemnité retrouvent un job en moins de six semaines

30% des chômeurs environ ne demandent pas à être indemnisés, soit 400.000 personnes environ. En réalité, la part des sans-emploi qui ne franchissent pas la porte de Pôle Emploi est encore plus importante. Si l’on ajoute les moins de 25 ans et ceux qui retrouvent un travail en moins d’une semaine – deux catégories exclues par l’étude pour se concentrer sur le cœur du marché du travail -, c’est plus de 40% des chômeurs qui font l’impasse sur leurs indemnités, une proportion astronomique. Quand on regarde dans le détail, on se rend compte que cette population se compose principalement de trois groupes. Le premier rassemble les salariés en fin de CDD et les intérimaires entre deux missions. Le deuxième se compose de personnes ayant travaillé moins longtemps que les autres et bénéficiant donc de droits réduits. Enfin, le troisième groupe – le plus nombreux – est constitué des chômeurs qui retrouvent un emploi rapidement. 50% de ceux qui ne réclament pas leur indemnité-chômage retrouvent en effet un job dans les six semaines.

A lire aussi

 

 

 

Les allocataires renoncent à leurs droits par peur de la stigmatisation ou par espoir de sortie du chômage

Ces chômeurs se privent sciemment d’un revenu de substitution pour deux raisons. C’est d’abord la méconnaissance des règles qui peut conduire des allocataires à ne pas réclamer leurs indemnités. Ce phénomène n’est pas limité aux chômeurs : on l’observe aussi sur d’autres prestations sociales, comme le RSA où le taux de non-recours atteint également 30%. La deuxième raison résulte de ce que l’étude appelle « un arbitrage coût-bénéfice défavorable ». Les allocataires préfèrent renoncer à leurs droits par crainte d’une stigmatisation, d’un contrôle ou par espoir d’une sortie rapide du chômage. Cela apporte de l’eau au moulin des promoteurs de la réforme de l’assurance-chômage qui entendent réduire la période d’indemnisation quand l’activité est porteuse.

François Vidal

Retrouvez toute l’actualité Economie