Elisabeth Borne a dévoilé une enveloppe de 10 milliards d’euros pour les entreprises afin d’amortir la flambée des coûts de l’énergie. Une nouvelle globalement bien accueillie par les différents secteurs, mais des problèmes demeurent.
L’Etat prendra en charge 50% de la hausse des prix de l’électricité
Elisabeth Borne, entourée d’une partie de son gouvernement, a détaillé hier les mesures d’aides pour les entreprises et les collectivités locales face à la flambée des prix des énergies. A la clé : une enveloppe de 12 milliards d’euros, dont 10 milliards rien que pour les entreprises. L’objectif est d’alléger les factures de gaz et d’électricité, en 2023. Pour les TPE et les PME, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un « amortisseur électricité » pour l’année prochaine. Concrètement, l’Etat prendra en charge 50% des hausses des prix de l’électricité. En moyenne, cela équivaut à une réduction de 120 euros le mégawattheure, a précisé le ministre de l’Economie, Bruno le Maire. Ce dispositif sera appliqué, dès le 1er janvier, aux factures d’énergies, sans en faire la demande.
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Parmi les domaines particulièrement impactés, il y a la boulangerie, composée de petites entreprises souvent très énergivores. La plupart des enseignes du secteur dépassaient les critères pour accéder aux aides. Dominique Anract, Président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française, s’en satisfait mais les factures vont au minimum doubler, « 15.000 euros par an voire 40.000 euros pour certains ». Cela se répercutera « forcément » sur les prix, prévient-il, « peut-être la baguette ». Du côté des agriculteurs, le coup de pouce est bienvenu, mais il ne résout qu’une partie du problème selon Henri Biès-Péré, vice-président de la FNSEA. L’Etat évite que la totalité des surcoûts soient répercutés sur les prix de vente des produits, selon lui, « mais une partie des surcoûts pèsera tout de même sur le consommateur ». Il craint d’être obligé de reconduire des négociations avec les acheteurs de produits pour convenir de hausses de prix d’achats, « car les producteurs ne peuvent pas prendre ça sur leur marge ».
Les ETI sont particulièrement soulagées par ces aides
Parmi les mesures annoncées, il y aussi la possibilité désormais pour les Entreprises de taille intermédiaire (ETI) d’accéder aux aides. « Une bonne nouvelle », affirme avec soulagement Alexandre Montay, président du mouvement des ETI. « L’angoisse montait parce que sans visibilité sur les coûts de l’énergie, les ETI sont incapables de concevoir leur modèle d’affaire ». Une demande de longue date notamment des ETI de l’industrie (Chimie, verre, céramique…), très énergivores. « 1 ETI sur 2 dit qu’elle va ralentir son activité et 1 sur 10 prévoit de l’arrêter », précise Alexandre Montay, qui craint que l’industrie ne se retrouve « à genoux » dans les mois à venir. Concernant les entreprises de plus grandes tailles, les coups de pouce seront doublés. Les entreprises pourront débloquer, selon leurs besoins, de 4 à 100 millions d’euros. Les groupes les plus énergivores, eux, pourront solliciter des aides allant jusqu’à 500 millions d’euros.
Eric Kuoch
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