Violoncelliste, compositeur de musique de chambre et de symphonies, Boccherini bénéficie de grands protecteurs en Espagne, où il s’installe, mais aussi en Prusse… où il ne va pas. Comme pour Domenico Scarlatti avant lui, la Cour royale de Madrid lui fait les yeux doux. Cette fois c’est l’Infant Don Luis de Bourbon qui lui offre une situation de musicien bien rémunérée.
Luigi Boccherini en 10 dates :
- 1743 : Naissance à Lucques
- 1757 : Départ pour Vienne
- 1761 : Quatuors à cordes
- 1768 : Départ pour l’Espagne
- 1771 : Symphonie La Maison du diable
- 1779 : Dix-huit Quintettes à cordes
- 1781 : Stabat Mater (première version)
- 1786 : Compositeur à distance du futur roi de Prusse
- 1797 : Décès du roi de Prusse et fin de la période heureuse
- 1805 : Mort à Madrid
Boccherini passe son enfance en Italie et se produit à Vienne dans l’orchestre impérial
Boccherini passe son enfance à Lucques, près de Florence, où son père est musicien dans l’orchestre municipal. Ses dons pour le violoncelle lui valent d’être l’élève du maître de Chapelle de la cathédrale, lui-même pratiquant cet instrument, qui ne tarde pas à le recommander au grand violoncelliste et compositeur Constanzi à Rome.
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Une tournée à Vienne avec son père le fait remarquer et l’orchestre impérial les engage pour plusieurs saisons. Il rencontre Gluck qui le soutient, se produit en soliste et compose des trios et des quatuors à cordes. Il est l’un des premiers à composer pour ce genre. Il demeure à Vienne jusqu’en 1764 puis regagne l’Italie, donnant des concerts à Milan, Rome ou Gênes, et retrouvant son poste dans l’orchestre de Lucques.
L’ambassadeur d’Espagne en France lui offre un poste de compositeur à la cour de Madrid
En 1767, il donne à Paris des concerts couronnés de succès. L’ambassadeur d’Espagne lui propose alors de rejoindre la Cour madrilène comme violoncelliste et compositeur. Il accepte et ne quittera plus l’Espagne. Marié à une cantatrice, avec laquelle il a six enfants, il bénéficie d’une belle situation et compose beaucoup de quatuors, quintettes et concertos. Il n’est pas en reste pour les symphonies, alors très à la mode, et rend hommage à Gluck par une Symphonie en ré mineur appelée La Maison du diable, en référence à l’œuvre de Gluck Le Festin de pierre. L’un des trois mouvements est un Andantino au staccato obsédant, qui ne s’oublie pas facilement.
Mais la musique de chambre demeure sa spécialité, en particulier les quintettes à cordes. Dix-huit œuvres du genre voit le jour dans la seule année 1779.
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Le Stabat Mater est remanié vingt ans après sa version initiale
La première version du Stabat Mater, commandée en 1781 par l’infant d’Espagne Don Luis de Bourbon, est pour soprano seule et quintette à cordes. Son accompagnement fait la part belle aux deux violoncelles, et la simplicité naturelle de la voix n’est pas sans rappeler les inflexions d’un certain Mozart, qui joue beaucoup les œuvres de l’italien dans son enfance.
La seconde version, plus tardive (1801), ajoute deux autres chanteurs « pour éviter la monotonie d’une seule voix et la fatigue de celle-ci », écrit-il sur la partition, et modifie des parties instrumentales dans un sens plus orchestral.
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De nouveaux protecteurs s’empressent de s’attacher ses services après le décès de l’Infant
En 1785 Boccherini perd son protecteur princier, mais en retrouve d’autres en la personne de la duchesse de Benavente Osuna et en l’auguste personne du futur roi de Prusse, Frédéric Guillaume II. La première entretient un orchestre dans son palais de Madrid. Il compose pour son théâtre une zarzuela (opéra comique espagnol), La Clementina, qui est donnée début 1787. Le second le nomme compositeur de sa chambre… à distance (!) Boccherini écrira pour lui une longue série de quatuors, quintettes et symphonies.
Le Fandango de Boccherini (Quatuor Carmina, Rolf Lislevand, Nina Corti)
Mais en 1797 le décès de Frédéric Guillaume II met fin à sa pension. Peu après, la famille Benavente quitte Madrid pour Paris. Boccherini se retrouve sans ressources.
Après le faste des princes, Boccherini passe la fin de sa vie dans des conditions financières précaires
Les dernières années n’ont plus du tout le même éclat. La vente de ses partitions à des éditeurs parisiens, dont Pleyel, ne suffit pas à combler les besoins de sa famille. Malgré plusieurs propositions venant de Paris, où il a beaucoup d’amis, tel le poète Chénier, il refuse de quitter Madrid. Il vit dans des conditions matérielles de plus en plus précaires. Il continue de composer, mais plusieurs deuils le frappent, dont celui de sa seconde épouse. Il décède en 1805.
Philippe Hussenot