Des huit présidents de la Ve République, Valéry Giscard d’Estaing fut certainement celui qui s’intéressa le plus à la musique classique. Habitué du Palais Garnier et de Bastille, l’ancien chef de l’État eut pourtant une relation compliquée avec l’Opéra de Paris lors de son mandat.
Valéry Giscard d’Estaing fut à l’origine de la création des Orchestres de Lille et Metz
Même si la Culture ne fut pas l’une des priorités de Valéry Giscard d’Estaing au début de son mandat en 1974, les arts et notamment la musique classique ont été pris en compte lors de son septennat. On lui doit notamment la création, en 1976, de l’Ensemble Intercontemporain de Pierre Boulez et, à la même époque, la naissance de l’Orchestre National de Lille avec Jean-Claude Casadesus et de l’Orchestre philharmonique de Lorraine (actuel Orchestre national de Metz).
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Par ailleurs, spectateur régulier de l’Opéra de Paris, Valéry Giscard d’Estaing conforta Rolf Liebermann, nommé par Georges Pompidou, à la tête de l’Opéra de Paris. Un soutien à l’administrateur suisse qui se traduisit dès 1975 par la diffusion en direct à la télévision, une première encouragée par le président de la République, du Faust de Charles Gounod et, 6 mois plus tard, de Don Giovanni de Mozart, donnés au Palais Garnier.
La légende raconte que Karl Böhm, alors âgé de 81 ans, s’est endormi pendant une coupure d’électricité
Mais les relations entre le jeune chef de l’État, la grande institution et son administrateur omnipotent n’ont pas toujours été simples durant son mandat. À commencer par un épisode plutôt cocasse, que racontent très bien Jean-Philippe Saint-Géours et Christophe Tardieu dans leur livre L’Opéra de Paris, coulisses et secrets du Palais Garnier. La scène se passe en 1974, pendant une soirée de gala au cours de laquelle est programmé Elektra sous la direction du célèbre chef d’orchestre autrichien Karl Böhm. À cette occasion, Valéry Giscard d’Estaing a invité son homologue ouest-allemand, mais au beau milieu de l’opéra de Richard Strauss la salle est plongée dans le noir de longues minutes en raison d’une panne de courant accidentelle. La légende raconte que Karl Böhm, alors âgé de 81 ans, s’est endormi pendant la coupure d’électricité mais, une fois réveillé par les musiciens, il reprit la partition à la mesure précise où il s’était arrêté.
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L’autre épisode, que racontent les deux auteurs, est moins anecdotique et marquera le début d’une longue brouille entre le chef de l’État et Rolf Liebermann. En mars 1976, Valéry Giscard d’Estaing décide d’inviter 1500 « Français méritants » à assister à une représentation de L’Enlèvement au Sérail de Mozart mais un mouvement de grève des machinistes de l’Opéra de Paris conduit à l’annulation de l’événement, ce que le président de la République vécut comme un affront. Il ne mit plus jamais les pieds au Palais Garnier jusqu’à la fin de son mandat et c’est son Premier ministre Raymond Barre qui fut chargé de la réception organisée pour le départ de l’administrateur général de l’Opéra en 1980.
Philippe Gault