Rudolf Noureev est mort il y a 30 ans, le monde de la danse lui rend hommage

PARIS-JOUR/SIPA

Rudolf Noureev est considéré comme le plus grand danseur du 20ème siècle. Ce vendredi 6 janvier, les danseurs commémorent le 30ème anniversaire du décès du danseur étoile et chorégraphe d’origine russe.

Elisabeth Platel : « Rudolf Noureev était exceptionnel »

L’étoile Rudolf Noureev a fui l’Union Soviétique en 1961 pour la France. Il a profondément marqué l’Opéra de Paris, dont il a été le directeur de la danse de 1983 à 1989. Jusqu’à la fin, Noureev a dédié sa vie à la danse. Elisabeth Platel, actuelle directrice de la prestigieuse école du Ballet de l’Opéra de Paris l’a bien connu. Elle souligne ses nombreuses qualités qui l’ont rendu exceptionnel, notamment lorsqu’il a dansé le Lac des cygnes, avant ses 30 ans : « il a une puissance de saut fabuleuse, des épaulements, et le corps toujours sur le côté ». Au début des années 80, Elisabeth Platel est une jeune étoile quand Noureev dirige la danse de l’Opéra : « il était un monstre dans le sens latin du terme, monstra, c’est-à-dire exceptionnel ». A l’époque, dit-elle, toutes les discussions entre danseurs tournaient forcément à un moment autour de Rudolf Noureev. Face à lui, elle était intimidée mais voulait « lui prouver des choses ». Pari réussi. Noureev la choisit pour ses ballets.

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Dans les studios de danse, il fallait alors composer avec son exigence et un caractère bien trempé : « ses phrases n’étaient pas vraiment très construites, il fallait comprendre. Les séances de travail étaient intenses. Les journées commençaient à 10h du matin et finissaient bien au-delà des répétitions, au-delà de 20h, parce que Rudolf n’était pas respectueux des horaires ». Elisabeth Platel se souvient de quelqu’un de très présent, qui donnait des conseils, vivait dans le studio « avec son thermos de thé et celui du poulet carottes ».

 

Rudolf Noureev est mort du Sida à 54 ans

« La maladie, on s’en est aperçu plus tard, mais on n’avait pas envie de la voir », confie la directrice du Ballet de l’Opéra de Paris. Pourtant, le Sida est là, mais jusqu’au bout Noureev concentre toutes ses forces pour la danse – et une dernière création, La Bayadère : « j’ose le dire, cette oeuvre nous appartient parce que tout a été construit par lui, pour lui. Chaque pas a une histoire ». En immense star qu’il était, Rudolf Noureev fait ses adieux au Palais Garnier sur scène le 8 octobre 1992. « Beaucoup d’artistes avaient fait le voyage », se souvient Elisabeth Platel, « il y avait un côté à la fois fantastique et terriblement triste ». Elle explique que 30 ans après sa mort, « il est constamment avec nous. On n’en fait pas un dieu, mais nous avons été totalement orphelins après », et la directrice de la danse de le citer : « je serai vivant tant qu’on dansera mes ballets ». Il est mort 3 mois après la dernière représentation de La Bayadère. Il n’avait que 54 ans. Un documentaire « Rudolf Noureev, l’attraction céleste » est diffusé ce soir à 21h10 sur France 4.

Victoire Faure

Ecoutez le reportage de Victoire Faure : 

 

 

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