Musique classique : Connaissez-vous l’origine de ces expressions tirées de l’univers musical ?

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« Avoir le blues », « se mettre au diapason » ou encore « Ne tirez pas sur le pianiste », les métaphores musicales sont courantes dans notre langage. Si certaines sont faciles à comprendre, d’autres tirent leur origine dans la littérature, voire dans la peinture. D’où viennent-elles et que signifient-elles réellement ? C’est l’occasion de vous mettre au diapason en lisant cet article !

Le diapason donne le La à une fréquence de 440 hertz. C’est sur cette note – donnée par le hautbois – que tous les instruments de l’orchestre vont pouvoir s’accorder et de fait, jouer en harmonie. On comprend ainsi aisément le sens de la métaphore « Se mettre au diapason », puisque cela signifie tout simplement être en accord avec quelqu’un, s’harmoniser.

Mais alors, comment marche le diapason ? Il suffit de le taper sur une surface dure : l’outil métallique vibre à la fréquence de 440 hertz, émettant ainsi la note La. Pour l’entendre plus fort, on peut le poser verticalement sur une surface plane, comme une table, qui va alors jouer le rôle d’amplificateur du son.

Le diapason date du début du XVIIIème siècle. Inventé par le trompettiste et luthiste John Shore, le diapason fixe à cette époque le Do à 512 hertz. Il permet de transporter de ville en ville ou encore d’un pays à l’autre, une seule et même hauteur commune.

Pour entendre le fameux La du diapason, décrochez votre téléphone

Le La est reconnu comme « Accord unique » entre les nations. Vous souhaitez à savoir à quoi ressemble ce fameux La ? Mettez-vous au diapason en écoutant la tonalité de votre téléphone. Lorsque vous composez et appelez un numéro, celle-ci est également fixée à 440 hertz !

La hauteur du La du diapason fera même l’objet d’une Résolution au Conseil de l’Europe en 1971. Faute d’avoir une référence commune, on pensait qu’il y avait un risque de porter préjudice aux œuvres musicales, celles-ci pouvant être dénaturées voire même disparaître du répertoire. Egalement destinée à faciliter la vie des musiciens, la décision d’établir une note de référence internationale et de manière durable, est adoptée.

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Si la hauteur du diapason a évolué, elle est désormais fixée grâce à des accords internationaux. Pourtant, tous les orchestres ne choisissent pas le même La, en fonction des répertoire : généralement à 442 herz pour le répertoire romantique ou moderne, il descend à 415 herz chez les orchestres spécialisés en baroque. Le tout est de savoir quel là on choisit… pour se mettre au diapason !

 

« Avoir le blues » : C’est l’expression qui a inspiré le nom du genre musical !

« Avoir le blues » signifie avoir le cafard, ou avoir du vague à l’âme. L’expression fait directement écho aux caractéristiques du genre musical, mais qui a réellement influencé qui ? Le mot « Blues »  est en fait une contraction de l’expression anglaise : « the blue devils », que l’on pourrait traduire littéralement par « démons bleus » ou plus précisément « idées noires » en français.

En 1912, le compositeur W.C. Handy, considéré encore aujourd’hui comme le père du blues, intitule sa chanson Memphis Blues. Il est le premier à faire entrer l’appellation dans la musique noire américaine. Au fil du temps, cet anglicisme est arrivé en France avec l’expression « avoir le blues ». C’est donc l’expression qui a donné le nom à ce genre musical, et non l’inverse !

 

« Ne tirez pas sur le pianiste », une expression qu’on doit à Oscar Wilde

Passée dans le langage courant à la fin du XIXème siècle, c’est à Oscar Wilde que l’on doit cette drôle d’expression. En 1880, l’auteur du Portrait de Dorian Gray rapporte dans son essai Impressions d’Amérique avoir lu l’inscription suivante : « Please don’t shoot the pianist, he is doing his best » traduit en français par « S’il vous plaît ne tirez pas sur le pianiste, il fait de son mieux ! ».

Crédits : Nana productions/Sipa

 

Une supplique gravée sur un panneau à l’entrée du saloon de Leadville dans le Colorado, où l’on venait y découvrir des gisements aurifères. Car à l’époque de la ruée vers l’or, les bagarres étaient choses communes dans les saloons du Far-West. Et souvent, les deux premières victimes de ces querelles n’étaient autres que le miroir et… le pianiste innocent.

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L’expression signifie donc tout bonnement qu’il ne faut pas tenir pour responsable quelqu’un qui n’y est pour rien. En France, c’est surtout dans les années 60 que l’expression revient à la mode. Pas à un hasard si sort à la même époque le film – au titre antinomique – de François Truffaut : Tirez sur le pianiste !

« Mettre un bémol » pour nuancer ses propos

Cette formule nous vient tout droit de la théorie musicale. En solfège, le bémol est comme une altération, c’est-à-dire qu’il sert à modifier la hauteur d’une note. En l’occurrence, le bémol abaisse la note d’un demi-ton. A l’image de l’expression musicale, mettre un bémol signifie qu’il faut baisser d’un ton, atténuer ou tempérer ses propos.

Ondine Guillaume et Sixtine de Gournay

 

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