L’institution alsacienne se voit distinguée du prix le plus important décerné chaque année par le jury du magazine allemand Opernwelt (Le monde de l’opéra). Un panel de jurés composé d’une cinquantaine de journalistes indépendants européens et sud-américains, appelés à récompenser les événements marquants de la saison lyrique.
La programmation de l’Opéra du Rhin plébiscitée
Il est vrai que la saison de l’Opéra du Rhin (Strasbourg, Mulhouse et Colmar) s’est révélée particulièrement riche et éclectique comme en témoigne son festival Arsmondo imaginé par Eva Kleinitz, qui fut la directrice générale de la maison de 2017 jusqu’à sa disparition cette année. Une manifestation consacrée à la musique, au théâtre et à la littérature de pays du bout du monde comme le Japon en 2018, l’Argentine cette année ou l’Inde au printemps prochain. Parmi les événements de cette saison qui ont dû séduire les jurés d’Opernwelt, des classiques : le Barbier de Séville créé par Pierre-Emmanuel Rousseau, qui avait ouvert la saison, Pelléas et Mélisande mis en scène par Barrie Kosky et dirigé par Franck Ollu ou Don Giovanni dirigé successivement par Christian Cuirnn puis Andreas Spering mais également l’inédit « Barkouf ou un chien au pouvoir » de Jacques Offenbach, dont c’était la 1ère interprétation mondiale depuis le 16 janvier 1861, et des créations plus contemporaines comme « La princesse arabe » de Juan Crisóstomo de Arriaga, créé en 2009, ou « Le Garçon et le poisson magique » de Leonard Evers (2012). La saison 2019/2020 ne dérogera pas à cette règle d’alternance entre classiques et modernes. C’est d’ailleurs le très actuel « 4.48 Psychosis » créé par Philip Venables qui a ouvert cette nouvelle saison mercredi, avant de laisser la place, la semaine prochaine, à 4 soirées de concerts plus « classiques ». Sur la scène de l’Opéra de Strasbourg ou celle de la Filature de Mulhouse vont ainsi être proposés des extraits de plusieurs grandes œuvres : Così fan tutte de Mozart, Il trovatore de Verdi, Rusalka de Dvořák, Le violon sur le toit de Bock ainsi que l’ouverture de Parsifal de Wagner interprétés par l’Orchestre symphonique de Mulhouse, les Chœurs de l’Opéra national du Rhin, Opéra Studio, le ballet de l’Opéra national du Rhin et les solistes , Ambroisine Bré, Ezgi Kutlu, Pumeza Matshikiza et Olivier Breitman.
Un palmarès très cosmopolite
Pour son millésime 2019 Opernwelt a également distingué un compositeur français, Albéric Magnard (1865-1914), pour son opéra « Guercoeur » sacré « Redécouverte de l’année » grâce au Théâtre d’Osnabrück (Allemagne) qui la présenté en juin dernier alors qu’il n’avait été joué qu’une seule fois en 1931 à l’Opéra de Paris. Parmi les autres lauréats, la nouvelle jeune directrice musicale du Staatstheater Nürnberg, Joanna Mallwitz, élue « Chef d’orchestre de l’année », Romeo Castellucci pour la « meilleure mise en scène » (notamment pour son « Requiem » de Mozart au Festival d’Aix-en-Provence) et la soprano lituanienne Asmik Grigorian « chanteuse de l’année » au Festival de Salzbourg dans la Salomé de Strauss, également sacrée « meilleure représentation de l’année ».
Philippe Gault