Déjà très réglementée depuis 2007, l’exploitation et la commercialisation du pernambouc, le bois brésilien dont sont composés les meilleurs archets, risquent d’être totalement interdites d’ici la fin novembre. Les archetiers français s’inquiètent d’une situation qui les priverait de leur principale matière première.
Le pernambouc pousse exclusivement dans les forêts pluviales atlantiques du Brésil
La commercialisation du pernambouc, indispensable aux luthiers, pourrait être interdite à la faveur d’une décision de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) réunie à Panama fin novembre. Cet arbre rare à croissance lente qu’on trouve uniquement au nord-est du Brésil se raréfie pour plusieurs raisons : en grande partie à cause de la surexploitation dont il a fait l’objet, de la déforestation massive encouragée pendant le mandat du président Jair Bolsonaro, de la vente illégale et d’une urbanisation exponentielle de la région.
Le bois de pernambouc (Caesalpinia echinata), appelé également bois-Brésil ou pau-Brasil est une espèce endémique du Brésil que l’on retrouve essentiellement dans la forêt atlantique. Il est utilisé dès le XVIème siècle dans l’industrie textile pour la couleur rouge, « rouge comme la braise », qui a d’ailleurs donné son nom au Brésil. Le pernambouc est devenu au XVIIème siècle l’essence de prédilection pour la confection des archets, grâce à sa densité exceptionnelle, autant que l’ébène, sa souplesse et sa résistance.
Les archetiers français représentent 15% de l’activité mondiale
Depuis 2007, la vente de ce bois rare est déjà très réglementée. Pourtant, malgré les initiatives des professionnels pour protéger l’espèce, par l’intermédiaire notamment du Programme international de conservation du pernambouc (IPCI), qui a permis de replanter près de 340 000 arbres, le trafic illégal du pernambouc s’est intensifié. La Convention CITES, qui se réunira en novembre veut donc restreindre encore plus son exploitation et sa commercialisation. Il faudrait même une autorisation pour les musiciens détenteurs d’archets en pernambouc, comme c’est déjà le cas pour les archets qui contiennent des éléments en ivoire (plaque de tête et bouton) et/ou écailles de tortue (hausse).
L’interdiction d’importation du pernambouc serait une catastrophe pour les 109 archetiers français qui représentent, selon Le Figaro, 15% de l’activité mondiale et dont l’excellence est unanimement reconnue. Si certains ont d’anciens stocks de ce bois qu’ils ont mis en conformité en 2007, d’autres archetiers n’ont pas pris ce genre de précaution. C’était le cas, raconte France 3 Grand Est, de Roch Petidemange, archetier à Mirecourt (Vosges), à qui il ne restait plus que de quoi fabriquer 20 archets lorsqu’il a cessé son activité l’été dernier.
Philippe Gault