Ce jour où la pianiste Maria Joao Pires n’a pas travaillé le bon concerto de Mozart… mais le joue parfaitement !

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Lors d’un concert en 1998, la pianiste Maria Joao Pires se rend compte sur scène qu’elle a préparé le mauvais concerto de Mozart. Après un grand moment de désarroi, au lieu d’abandonner, la soliste se jette à l’eau et livre une performance remarquable.

Riccardo Chailly : « Maria Joao Pires a paniqué comme si elle avait reçu un choc électrique »

La scène a marqué les esprits. En 1998, la pianiste Maria Joao Pires participe avec l’orchestre Concertgebouw d’Amsterdam à un « lunch concert ». Il s’agit d’une répétition d’un morceau mais devant un public. Même si l’exercice est assez informel, la salle est alors comble pour écouter l’orchestre et sa brillante pianiste, dont la discographie s’étale sur 15 ans avec le label Erato et plus de 20 ans chez Deutsche Grammophon. Alors que l’orchestre entame les premières notes du Concerto pour piano n°20 en ré mineur de Mozart, la pianiste portugaise fixe le sol et semble désemparée, un sourire nerveux sur le visage. A cet instant, elle comprend qu’elle n’a pas révisé le bon concerto de Mozart. « Elle a paniqué comme si elle avait reçu un choc électrique. Elle ne pouvait même pas imaginer ses mains jouer », se remémore Riccardo Chailly, le chef d’orchestre, dans le documentaire Attrazione D’Amore de Frank Scheffer.

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Ce morceau ne lui est pas inconnu, bien au contraire : elle l’a même enregistré dès 1977. Seulement, elle ne l’a pas retravaillé et elle se retrouve maintenant face au public, sans partition, et sa partie approche dangereusement. Riccardo Chailly sent son malaise et, sans perturber l’orchestre, lance un regard à la pianiste désemparée. « Je peux essayer », lui dit-elle, « j’ai perdu mes notes quelque part ». Le chef d’orchestre, qui comprend qu’il ne faut surtout pas aggraver la situation, l’encourage en lui rappelant qu’elle a joué le morceau la saison dernière. Il lui fait un grand sourire et lui lâche entre deux coups de baguette : « je suis sûr que tu vas le faire. Tu le connais parfaitement ! »

Maria Joao Pires joue le morceau sans fausse note

A moitié rassurée, Maria Joao Pires se mord les lèvres en attendant son tour. La mort dans l’âme, elle avance une main vers le piano et la magie se produit. Tout en délicatesse, elle joue sa première partie, qui dure 28 secondes. Sans fausse note. L’orchestre reprend la main quelques secondes, le temps d’un grand soupir et de se préparer pour les dix minutes restantes. La soliste jouera le reste du morceau à merveille, non sans peur. Ricardo Chailly en est resté bluffé : « le miracle, c’est qu’elle a une telle mémoire qu’elle est passée d’un concerto à l’autre en une minute, sans la moindre faute ». Sa performance continue d’inspirer les réseaux sociaux aujourd’hui. Des internautes utilisent l’extrait du film de Frank Scheffer pour montrer qu’il ne faut jamais baisser les bras au premier obstacle.

Clément Kasser

 

 

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