Fin mars à Vienne, un retraité, militant d’un parti d’opposition, s’est collé la main sur le fastueux piano décoré de feuilles d’or exposé dans une salle de réception du Parlement autrichien. Selon ce retraité, l’instrument représente « le symbole de l’éloignement décadent du Parlement ».
Depuis un an on a vu des militants de mouvements écologistes coller leurs mains sur la chaussée, d’autres tenter de dégrader des œuvres d’art, des bâtiments culturels ou interrompre des concerts. A Vienne, le mardi 28 mars, un retraité a collé sa main gauche sur l’abattant du clavier d’un piano prestigieux exposé au Parlement.
Ce militant du parti Der Wandel (Le Changement) a tenu ainsi à manifester son mécontentement, non pas pour alerter sur le réchauffement climatique mais contre l’inaction du gouvernement. Il assure que celui-ci ne lutte pas assez contre la précarité dans laquelle vit une partie des Autrichiens.
Le piano du Parlement « reflète un système absurde »
Pour justifier le geste de ce militant, retraité et vivant à peine au-dessus du seuil de pauvreté, le chef de ce parti de la coalition de la gauche autrichienne a déclaré : « Ce piano reflète parfaitement un système absurde : le président du Conseil national s’offre un piano plaqué or à nos frais, tandis que nos enfants vivent en situation de précarité et c’est injuste.
Ce piano est un symbole de la distance décadente du Parlement avec le million de personnes en Autriche qui sont aujourd’hui touchées par la pauvreté ». Le parti Der Wandel, créé en 2012, appelle à un revenu de base « sans conditions pour tout le monde ».
La location du piano coûte 3000 euros par mois au Parlement de Vienne
Le piano en question, un modèle Sécession de la maison Bösendorfer, a été installé dans une salle de réception du parlement de Vienne à la demande du président du Conseil national d’Autriche Wolfgang Sobotka (Membre du parti majoritaire ÖVP).
Weg mit dem goldenen Klavier
Das goldene Klavier, das sich Nationalratspräsident Sobotka für monatlich gut 3.000€ geleistet hat, ist Sinnbild für die dekadente Abgehobenheit seiner Person, und auch für das restliche Parlament. Denn die Rechnung für diesen Protz zahlen wir alle. pic.twitter.com/0U1x596CYr
— Wandel (@DerWandel) March 28, 2023
L’instrument, richement décoré de feuilles de laurier en or 23 carats, est estimé au prix de 190.000 euros mais le Parlement le loue 3000 euros/mois. Une acquisition très critiquée lors de son installation au Parlement en novembre 2022.
Wolfgang Sobotka s’est défendu maladroitement qu’il s’agisse d’une initiative personnelle arguant que l’idée de l’installation d’un piano avait été évoquée dès la construction, en 1861, du bâtiment par Theophil Hansen, l’architecte à qui on doit également le célèbre Musikverein de Vienne.
Philippe Gault