C’est le grand soulagement pour les archetiers français. Le pernambouc, le bois brésilien qui sert à confectionner les meilleurs archets, restera commercialisable et pourra donc continuer à être exporté.
200 personnalités du monde de la musique avaient signé une tribune dans Le Monde
Les autorités brésiliennes souhaitaient relever le degré de classement du pernambouc, rendant son exploitation et sa commercialisation impossibles. Cette espèce endémique du nord-est du Brésil sert à la fabrication de la plupart des archets de concert depuis le XVIIIème siècle. Mais la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), réunie à Panama du 14 au 25 novembre, a décidé de ne pas classer en annexe 1 le bois de pernambouc.
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Les membres de la Cites ont certainement pris en compte les arguments des quelques 200 personnalités du monde de la musique, parmi lesquelles Martha Argerich, Yo-Yo Ma, Renaud et Gautier Capuçon, qui avaient signé une tribune dans Le Monde début novembre. Mais ce qui a été déterminant, c’est la potentielle homologation par les autorités brésiliennes des nombreux programmes de replantation du pernambouc mis en place depuis 20 ans (340 000 arbres replantés). Autre élément-clé, le revirement de la position de l’Union européenne et du président Emmanuel Macron, initialement favorables à la protection supérieure prônée par le Brésil et son président Jair Bolsonaro, dont la défaite à l’élection présidentielle a pu également faire pencher la balance.
Future of pernambuco decided at CITES convention we have done it ! Thank you Brazil, EU and Cites https://t.co/ckWQYFgPdi
— REYRE MENARD Fanny (@fanny_reyre) November 25, 2022
Dans 30 mois, la Cites réévaluera ce qui a été décidé cette année
Dans un communiqué, la Chambre Syndicale de la Facture Instrumentale (CSFI) exprime son « immense soulagement pour les archetiers, luthiers et tout le secteur musical qui s’est fortement mobilisé depuis plusieurs mois (…) Cette avancée obtenue doit nous amener, plus que jamais, à œuvrer pour trouver des solutions durables aux problématiques croissantes qui pèsent sur la ressource des bois de lutherie ». Dans la même ligne, Edwin Clément, archetier et Meilleur Ouvrier de France, interrogé par Libération, précise : « Il n’y a pas un gagnant et un perdant, il y a seulement un soulagement, et un travail à faire. Dans 30 mois, il y a une nouvelle session plénière de la Cites, et tout ce qui a été décidé cette année sera réévalué à l’aune de ce que l’on aura mis en place pour préserver l’espèce ».
Philippe Gault