Grace Bumbry est décédée dimanche 7 mai à Vienne, sa ville d’adoption, à l’âge de 86 ans, a annoncé son fils. La mezzo-soprano américaine, qui fit ses débuts à l’Opéra de Paris, fut la première cantatrice noire à chanter en 1961 au Festival de Bayreuth.
Victime d’un AVC en octobre alors qu’elle se rendait à New York pour recevoir une récompense pour sa carrière, Grace Bumbry était rentrée quelques semaines plus tard dans la capitale autrichienne où elle est décédée à l’hôpital. Ses funérailles devraient avoir lieu à Saint-Louis (Missouri), où elle avait vu le jour le 4 janvier 1937.
Fille d’une institutrice et d’un employé des chemins de fer, on l’emmène petite à un concert de Marian Anderson, la première artiste noire à s’attaquer au chant lyrique. C’est une révélation qui conduira la mezzo-soprano à faire ses débuts en 1960 à l’Opéra de Paris à l’âge de 23 ans.
À Bayreuth, le public lui offre 30 minutes d’ovation
Un an plus tard, Grace Bumbry est choisie par Wieland Wagner, le petit-fils du compositeur Richard Wagner, pour incarner au Festival de Bayreuth la Vénus de Tannhäuser, d’où son surnom de « Vénus noire ».
Je garderai toujours en mémoire son Eboli @choregies en 1984 dans un Don Carlo de feu. Pensées reconnaissantes pour #gracebumbry, magnifique artiste au répertoire immense. pic.twitter.com/Hx3f6fbWtc
— Jean-Philippe Thiellay (@jpthiellay) May 8, 2023
Indifférente aux réactions racistes dans un milieu alors fermé, Grace Bumbry devient la première personne de couleur à décrocher un rôle majeur à Bayreuth, accédant à la gloire internationale.
« Le public lui offre 30 minutes d’ovation et la troupe est rappelée 42 fois sur scène », raconte le Kennedy Center, qui l’avait distinguée en 2009 en saluant « sa voix unique, sa présence sur scène » et son aisance à changer de registre vocal, de mezzo-soprano à soprano.
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La diva, qui aimait les belles voitures, les bijoux et les tenues haute couture, se produira sur les scènes les plus prestigieuses, de la Scala de Milan au Met à New York, comme interprète du répertoire italien (Giuseppe Verdi), mais aussi français (Carmen de Georges Bizet).
Parmi ses nombreuses distinctions, Grace Bumbry avait été nommée ambassadrice honoraire de l’Unesco et avait reçu à Paris l’insigne de commandeur de l’Ordre des Arts et Lettres en 1996.
Philippe Gault (avec AFP)