La famille de la cantatrice américaine a annoncé son décès à l’âge de 74 ans ce lundi à New York des suites d’une septicémie. Le grand public français se souviendra qu’elle avait interprété « La Marseillaise », drapée dans un drapeau bleu-blanc-rouge, place de la Concorde à Paris, lors des cérémonies du bicentenaire de la Révolution, en juillet 1989.
Jessye Norman, une véritable soprano dramatique
Née le 15 septembre 1945 à Augusta (Géorgie), Jessye Norman était considéré comme une véritable soprano dramatique, dotée d’une voix imposante. Elle s’est surtout imposée dans le répertoire de la musique des XIXᵉ et XXᵉ siècles, particulièrement allemande et française. C’est à la fin des années 60, début des années 70 qu’elle s’était fait connaître en Europe et, notamment en France, pour son interprétation du rôle principal de « Aida » de Verdi. Elle excellait également dans les rôles d’héroïnes de Wagner et de grands personnages des opéras de Janacek, Bartok et Strauss ou Berlioz. Par la suite, elle avait abandonné peu à peu l’interprétation d’opéras pour se concentrer sur sa carrière de concertiste qui la fit connaitre sur toutes les grandes scènes du monde. Sa voix, son talent, sa présence l’ont conduite à être fréquemment appelée à se produire à l’occasion de grands événements comme les prises de fonction des présidents américains, Ronald Reagan en 1985 et Bill Clinton en 1997, lors de la célébration du soixantième anniversaire de la reine Elisabeth II en 1986 et, bien sûr pour les commémorations du bicentenaire de la révolution organisées à Paris par Jean-Paul Goude en 1989. Jack Lang, qui était ministre de la culture, à l’époque, se rappelle: « Elle était heureuse d’avoir été choisie pour incarner la liberté. A ce moment-là, la polémique a fait parfois rage contre ce choix de Jessye Norman. Certains médias et hommes politiques dénonçaient l’appel à une chanteuse américaine et noire. Tout au contraire à nos yeux, elle était le symbole même de cette France de l’universalité que nous voulions célébrer en présence des chefs d’Etat et des télévisions du monde entier. Jessye avait été blessée par certaines de ces attaques et nous l’avions entourée de notre affection. Ce soir-là, la France montrait son visage généreux et ouvert à toutes les cultures du monde ».
Jessye Norman, soutenait les jeunes artistes socialement défavorisés
Femme de convictions, elle a fondé dans sa ville natale d’Augusta la Jessye Norman School of the Arts pour soutenir de jeunes artistes socialement défavorisés. Mais elle s’était faite rare ces dernières années, notamment après la publication de ses mémoires, » Stand Up Straight and Sing! « en 2014. Elle y racontait en détails les femmes qui l’avaient marquée, et le racisme auquel elle avait été confrontée, enfant puis adulte. En septembre 2015, Jessye Norman avait dû renoncer au récital qu’elle devait donner à la Philharmonie de Paris à la suite d’une blessure au dos qui avait endommagé sa moelle épinière. Le communiqué annonçant sa disparition précise d’ailleurs que son décès est dû aux complications liées à ce traumatisme.
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Ce matin, Franck Riester, ministre de la culture a réagit sur Twitter : « Nous nous souviendrons longtemps de Jessye Norman. De sa grâce inoubliable dans l’Aïda de Verdi, du temps qu’elle suspendait quand elle se produisait à Aix-en-Provence, de son émouvante Marseillaise pour le bicentenaire de la Révolution française en 1989. Elle nous manquera »..
Radio Classique rendra hommage à Jessye Norman tout au long de cette journée de mardi et, de 18h à 20h, « Harmoniques » l’émission présentée par Jean-Michel Dhuez sera consacrée à la carrière de la grande soprano américaine
Philippe Gault (avec AFP)