Couvre-feu : les organisateurs de concerts sont inquiets mais s’organisent

Suite à l’annonce par Emmanuel Macron de la mise en place d’un couvre-feu nocturne dans certaines métropoles à partir du samedi 17 octobre, les organisateurs et producteurs de spectacle s’organisent de manière à pouvoir continuer de proposer des spectacles au public même s’ils se déclarent inquiets quant aux conséquences économiques liées à cette nouvelle mesure de restriction sanitaire.

Renaud Capuçon a interpellé Roselyne Bachelot sur Twitter

L’Ile de France, Lyon, Toulouse, Rouen, Grenoble, Saint-Etienne, Montpellier, Lille et Aix-Marseille vont donc appliquer dès samedi un couvre-feu de 21h à 6h pendant au moins 4 semaines. Une nouvelle mesure de restriction sanitaire qui aura un impact sur la santé du secteur du spectacle, et des concerts en particulier, déjà très affecté économiquement par l’inactivité pendant le confinement puis la limitation des jauges de spectateurs dans les salles. Juste après l’annonce de cette nouvelle disposition le violoniste Renaud Capuçon a fait part de son inquiétude sur la survie de la vie culturelle et musicale à Roselyne Bachelot. La ministre de la Culture l’a assuré de son soutien et indiqué que des mesures d’accompagnement seront rapidement mises en place, en concertation avec les organisations représentatives.Roselyne Bachelot a même évoqué dans Le Parisien la possibilité que le billet de spectacle serve de justificatif aux spectateurs pour rentrer chez eux après 21 heures, mais Bruno Le Maire puis Jean Castex ont tenu à préciser qu’il n’y aurait pas de dérogation.

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Inquiétude partagée par les représentants du secteur comme Nicolas Dubourg, le président du  Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) qui estime que « C’est catastrophique. Tout un secteur, déjà à bout de souffle, est mis à l’arrêt », tandis qu’Olivier Darbois, président du Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variété (Prodiss) renchérit « Nous sommes à nouveau les sacrifiés de la crise ». Lors d’une conférence de presse commune, les ministres concernés ont toutefois tenu à préciser que plusieurs mesures d’accompagnement sont d’ores et déjà envisagées comme l’abaissement du seuil de recours à l’aide du fonds de solidarité (50% de perte de chiffre d’affaires au lieu de 70% pour les entreprises de moins de 50 employés) ou l’exonération des charges des entreprises fermées administrativement pendant la durée du couvre-feu. Par ailleurs, le 1er ministre Jean Castex a indiqué que Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot entameront dès ce vendredi les discussions avec les représentants du secteur culturel.

L’avancement des horaires de concert privilégié

Dès la fin de l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron, de grandes institutions ont réagi à la proposition du chef de l’État qui a suggéré aux organisateurs de spectacles d’aménager les horaires des représentations pour permettre au couvre-feu d’être respecté dans les zones concernées. Ainsi l’Opéra-Comique a décidé d’avancer à 17h (au lieu de 20h) son concert solidaire UNiSSON de samedi et précise qu’il maintiendra son prochain spectacle en novembre, « Hippolyte et Aricie » de Jean-Philippe Rameau mais a déjà procédé à des ajustements de dates et d’horaires. Ainsi la première aura lieu le Mercredi 11 novembre (au lieu du 12/11) et toutes les représentations débuteront à 15h. Dans un message publié sur son site et sur les réseaux sociaux, la Philharmonie de Paris indique que les changements de dates et d’horaires seront consultables dès ce vendredi en fin d’après-midi).

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Concernant  l’Opéra National de Paris, dont la saison lyrique doit reprendre à partir du mois de novembre à Garnier, son directeur général Alexander Neef indique que l’institution « poursuit son travail d’adaptation et étudie en ce moment même l’aménagement de la programmation, en particulier les horaires auxquels les spectacles seront proposés ». Même message de la part de la direction du Théâtre des Champs-Élysées qui précise qu’elle « travaille depuis ce matin à adapter la programmation afin de continuer à faire que le spectacle vivant le reste ». À Montpellier, l’Opéra Orchestre National a déjà avancé à 17h ou 18h30 toutes les représentations à partir du 30 octobre. À Lille, l’Orchestre national confirme le maintien de tous ses concerts, seule l’heure du début est avancée à 18h45 pour les spectacles en soirée et à Toulouse, l’association Aïda (Association des mécènes de l’Orchestre et du Théâtre du Capitole) a indiqué que son concert du 17 octobre à la Halle aux Grains est maintenu mais avancé à 18h (au lieu de 20h)

Philippe Gault

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