Cheffes d’orchestre : qui sont les plus influentes ?

©Monica-Rittershaus

Si on peut citer des cheffes d’orchestre comme Augusta Holmès au XIXème siècle, Nadia Boulanger, Ethel Smyth ou encore Jane Evrard au début du XXème siècle, celles-ci font toutefois figures d’exception. Aujourd’hui, les femmes qui dirigent des orchestres sont bien plus nombreuses, mais la profession est l’une des moins paritaires du secteur de la musique. Selon l’enquête Où sont les femmes ? publiée par la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques), il n’y aurait que 4% de cheffes d’orchestre en France.

Eun Sun Kim, directrice musicale de l’Opéra de San Francisco

Eun Sun Kim dirige Ah! lève-toi, soleil ! de Gounod

Commençons par la cheffe d’orchestre sud-coréenne Eun Sun Kim, directrice musicale de l’Opéra de San Francisco. La nomination à un tel poste de cette cheffe née à Séoul intervient dans un contexte marqué par plusieurs affaires de racisme anti-asiatique dans la musique classique. Récemment, la vidéo d’une masterclass du violoniste Pinchas Zukerman a été retirée du site de la Juilliard School, à la suite de propos désobligeants envers des élèves d’origine asiatique et un article du New York Times, publié la semaine dernière, soulignait que l’Orchestre de San Francisco était composé à 83% de musiciens blancs.

A lire aussi

 

 

Marin Alsop : sa nomination est devenue son « pire cauchemar »

Marin Alsop dirige la Symphonie No.9 d’Antonin Dvorak 

Marin Alsop est une pionnière parmi les cheffes d’orchestre. En 2007, elle devient la première femme à exercer la fonction de directrice musicale d’un des plus grands orchestres américains : l’Orchestre Symphonique de Baltimore (BSO). Le milieu masculin et sexiste est secoué par cette nomination et certains musiciens du BSO émettent des doutes sur ses capacités à pouvoir remplacer le chef russe Yuri Temirkanov. A ce sujet, l’Américaine déclare dans le documentaire The Conductor que « ce qui aurait dû être une grande joie est devenu le pire cauchemar de toute ma vie ». Malgré ces difficultés, un deuxième mandat lui est confié à l’unanimité et la cheffe a quitté ses fonctions après 14 ans d’activité en juin dernier.

 

Debora Waldman : une des premières directrices musicales d’un orchestre permanent en France

Debora Waldman (Source: deborawaldman.com)

En juillet 2019, Debora Waldman est nommée directrice musicale de l’Orchestre d’Avignon-Provence. Elle est l’une des premières femmes à devenir directrice musicale d’un orchestre permanent en France, avec Susanna Mälkki et Graziella Contratto respectivement à la tête de l’Ensemble Intercontemporain et de l’Orchestre des Pays de Savoie. La cheffe israélo-brésilienne, qui était l’assistante de Kurt Masur à l’Orchestre National de France entre 2006 et 2009, a été nommée « Talent chef d’orchestre » par l’ADAMI (société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes) en 2008. Elle a depuis fondé l’orchestre Idomeneo en 2013 et participe au projet DEMOS, un dispositif de démocratisation culturelle de la Philharmonie de Paris.

A lire aussi

 

 

Laurence Equilbey sort les compositrices de l’oubli

Laurence Equilbey dirige la symphonie No.1 de Louise Farrenc 

C’est un tour de force qu’a réalisé la cheffe d’orchestre française Laurence Equilbey , elle a créé trois ensembles au cours de sa carrière : Accentus, un ensemble vocal spécialisé dans la musique a capella, le Jeune Chœur de Paris et l’Insula Orchestra, un orchestre composé d’instruments d’époque. En plus d’être régulièrement invitée à diriger des orchestres français et internationaux, la maestra est véritablement engagée dans la lutte pour l’égalité des sexes. Ainsi l’enquête Où sont les femmes ? a été réalisée par la SACD à sa demande. Elle contribue aussi à sortir les compositrices de l’oubli en dirigeant certaines de leurs œuvres, notamment celles de Louise Farrenc.

Karina Canellakis est nommée cheffe d’orchestre principale invitée du Philharmonique de Londres

Karina Canellakis (Source: Eduardus Lee)

L’Américaine a récemment été nommée cheffe d’orchestre principale invitée du Philharmonique de Londres, poste qu’elle occupe depuis septembre 2020. Issue d’une famille de musiciens, elle étudie le violon avant de s’intéresser à la direction d’orchestre. Alors qu’elle se perfectionne à l’académie de la Philharmonie de Berlin, Simon Rattle la repère et l’encourage à persévérer dans cette voie. Conseil qu’elle suit puisqu’en 2016 la new-yorkaise remporte le prestigieux Prix Georg Solti. En 2018, après avoir été nommée cheffe principale de l’Orchestre philharmonique de la radio néerlandaise, elle devient la première femme invitée à diriger le concert de remise des Prix Nobel à Stockholm.

A lire aussi

 

Claire Gibault crée La Maestra : un concours réservé aux cheffes d’orchestres

Claire Gibault (Source: Wikimedia Commons)

Fondatrice du Paris Mozart Orchestra, Claire Gibault tient à encourager les cheffes d’orchestre puisqu’elle-même explique avoir souffert de différences de traitement au cours de sa carrière : alors qu’elle était l’assistante du chef Claudio Abbado, des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Vienne s’étaient opposés à ce qu’elle dirige. Face à ces inégalités, la cheffe d’orchestre a décidé de créer La Maestra, un concours réservé aux femmes, en collaboration avec la Philharmonie de Paris. La première édition s’est tenue en septembre 2020 à Paris, l’Indonésienne Rebecca Tong a remporté le premier prix et la Vénézuelienne Glass Marcano a fait forte impression, au point de devenir cheffe principale invitée de l’Orchestre Région Centre-Val de Loire. Une deuxième édition aura lieu en mars prochain.

A lire aussi

 

 

Simone Young a été nommée Chevalier des Arts et des Lettres

Simone Young dirige la Symphonie No.41 de Wolfgang Amadeus Mozart 

La dernière femme de notre liste est la cheffe australienne Simone Young. Depuis automne 2020, elle est cheffe principale de l’Orchestre symphonique de Sydney. Cette grande spécialiste de Wagner et de Strauss a notamment occupé le poste de directrice musicale du Philharmonique de Hambourg de 2005 à 2015 et celui de cheffe principale invitée de l’Orchestre de Chambre de Lausanne de 2017 à 2020. Considérée comme une des cheffes d’orchestres les plus influentes du moment, elle a été nommée Chevalier des Arts et des Lettres.

Alexandra Legrand 

Retrouvez l’actualité du Classique