Les infections d’origine bactérienne sont la deuxième cause de décès dans le monde, avec 7,7 millions de morts par an, juste après les troubles cardiaques : c’est ce que montre une très vaste étude, publiée dans la revue scientifique The Lancet. Le staphylocoque doré est la bactérie qui inquiète le plus.
Le staphylocoque doré est la première cause de mortalité dans 135 pays
L’étude publiée par The Lancet s’est concentrée sur une trentaine de bactéries – les plus couramment impliquées dans des infections – et évalué combien de décès leur étaient associés. Trois d’entre elles concentrent plus de la moitié des décès : le staphylocoque doré, E. coli, le pneumocoque. Le staphylocoque doré est celle qui inquiète le plus, puisqu’elle est la première cause de mortalité dans 135 pays. Le staphylocoque doré est responsable de 30% des infections chez l’homme, souvent sans aucune conséquence, mais comme le souligne Frédéric Laurent, infectiologue aux Hospices civils de Lyon, cette bactérie possède tout un arsenal pour devenir virulente : « elle est à la fois capable de secréter des enzymes qui vont couper en petits morceaux les tissus pour constituer un abcès. Elle peut aussi sécréter des toxines qui, cette fois-ci, vont passer dans le sang, vont pouvoir déclencher des attaques de différents organes. Elle est capable aussi de se coller sur les matériels : une prothèse de hanche, un cathéter. Une fois que la bactérie s’est multipliée, elle va se couvrir d’un genre de glue qui la protège de l’extérieur, de l’arrivée des antibiotiques, de l’arrivée du système immunitaire. Il est très difficile de les déloger ».
A lire aussi
En France, 15% des souches de staphylocoques résistent désormais à toutes les formes de pénicilline, le seul antibiotique capable de l’éradiquer, prévient Frédéric Laurent : « la particularité de ces bactéries très résistantes aux antibiotiques, c’est qu’elles ont la capacité de se transmettre et de donner des épidémies dans un hôpital. Mais elles peuvent aussi donner des grandes diffusions sur tout un pays, tout un continent, notamment par exemple aux États-Unis. Ils ont un clone très particulier de staphylocoque résistant aux antibiotiques qui est même présent en ville et qui leur pose de gros problèmes ». Et les chercheurs alertent : le staphylocoque doré devient résistant, notamment du fait de la surutilisation des antibiotiques dans l’élevage intensif, avec ces molécules qui se retrouvent en excès dans l’environnement.
Rémi Pfister
Ecoutez le reportage de Rémi Pfister (à partir de 5’30)