Crash du Rio-Paris : La relaxe requise par le parquet est « un vrai scandale », dénonce Gérard Feldzer

Michel Euler/AP/SIPA

Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne et président d’Aviation sans frontières, était l’invité de la matinale de Guillaume Durand. Il a réagi à l’absence de condamnations requises contre Airbus et Air France lors du procès du crash du vol Rio-Paris.

Ni Airbus, ni Air France, ni les pilotes n’auraient commis de « manquements »

Après 8 semaines de procès du crash du vol Rio-Paris en 2009, le Parquet de Paris n’a requis aucune condamnation contre Airbus et Air France. La compagnie et le constructeur n’ont commis aucun « manquement » ou « négligence » en « lien direct » avec la catastrophe, a estimé le parquet. Une décision qui a suscité la colère et les huées des parties civiles. Cette relaxe totale est « un vrai scandale » pour les familles des 228 victimes, qui « ont attendu 13 ans », dénonce Gérard Feldzer. L’ancien pilote de ligne reconnaît néanmoins qu’il n’y a pas eu de « faute caractérisée ». L’accident n’est pas comparable à celui des Boeing 737, remarque-t-il, quand le constructeur américain avait caché un défaut de conception dans ses avions, le tout avec le soutien de l’administration américaine, jusqu’à ce que deux crashs en 2018 et en 2019 aient eu lieu.

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Les pilotes ne peuvent pas être tenus pour responsables, explique-t-il

Quant aux pilotes de l’AF447, « ils ne pouvaient pas faire grand-chose », assure-t-il. « J’ai essayé de reproduire la même situation au simulateur avec des pilotes et il n’y en a pas beaucoup qui s’en sont sortis ». Airbus avait au contraire mis en cause des « erreurs de pilotage ». Mais pendant le vol, les sondes qui analysaient la vitesse de l’avion avaient gelé et les informations avaient subitement disparu. Les pilotes ne savaient pas quoi faire « parce que la procédure [correspondant à cette situation] n’avait jamais été répétée », explique Gérard Feldzer. Pour ne rien arranger, ils étaient plongés dans une nuit noire. « De jour, la situation aurait été complètement différente ». Aucune faute pénale n’a donc été constatée par le parquet. « On a voulu éviter une guerre entre Airbus et Air France mais il y a tout de même des parts de responsabilité », analyse-t-il. Et surtout, « c’est incompréhensible qu’on ait fait attendre autant de familles ». La défense aura l’occasion de plaider ce jeudi 8 décembre, avant que le jugement soit mis en délibéré lors des prochains mois.

 

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Interrogé sur la dangerosité du transport aérien, Gérard Feldzer rétorque que prendre l’avion « est uniquement dangereux quand vous joignez l’aéroport avec la voiture ». Malgré les crashs qui entachent sa réputation, l’avion demeure « le moyen de transport le plus sûr au monde » selon lui. Il y a certes « quelques compagnies locales au fin fond de l’Afrique par exemple » qui sont moins sûres que les lignes occidentales. Mais l’ancien pilote de ligne affirme que certaines années se passent sans aucun accident, et en moyenne, pour 4,5 milliards de passagers annuels, moins de 100 personnes trouvent la mort en avion.

Clément Kasser

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