Airbus vient d’enregistrer l’une des plus grosses commandes de son histoire. On se demande même si on ne s’est pas trompé d’un zéro mais non, c’est bien cela : presque 300 avions d’un seul coup ! Le chiffre donne le vertige : 292 appareils, précisément, pour un prix qui n’est pas communiqué.
Le kérosène, principale préoccupation dans l’aérien en ce moment
Au tarif catalogue, ces 300 avions seraient vendus 37 milliards de dollars, mais comme toujours, plus on achète, plus le rabais commercial est important, même si le montant n’est pas rendu public. C’est aussi pour cela que 4 compagnies se sont alliées pour passer cette commande, il s’agit de compagnies chinoises. Le deal ne porte que sur des appareils de ce qu’on appelle la famille A320, une famille qui va des petits A318 aux futurs A321 XLR, qui seront quasiment des long-courriers et dont le premier vol d’essai a eu lieu il y a quelques semaines. La famille A320, c’est vraiment la vache à lait d’Airbus. L’immense majorité de son carnet de commandes (qui est riche de 7 000 avions à produire) est constitué de cette gamme, qu’on appelle les monocouloirs. 3 sièges de chaque côté de l’appareil, relativement peu de personnel navigant nécessaire, des avions simples à exploiter, utilisables sur tous les aéroports du monde, peu chers, et de moins en moins gourmands en carburant.
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C’est ça l’enjeu du moment. Cette préoccupation sur le kérosène et les coûts a commencé bien avant la guerre en Ukraine ou l’irruption massive de la transition énergétique dans les préoccupations. Airbus a une très bonne arme avec son A320 neo, remasterisé si vous voulez, que les passagers ont commencé à découvrir il y a seulement six ans et qui cartonne auprès des compagnies. Il consomme 15 à 20% de moins que la génération précédente, et émet moitié moins d’oxyde d’azote.
Boeing n’a plus engrangé la moindre commande en Chine depuis 3 ans
C’est aussi un signal important que donne la Chine avec cette commande : une confiance affichée dans l’Europe et son industrie. Ces 300 Airbus s’ajouteront aux 2.070 déjà en service aujourd’hui en Chine. À côté de ça, Boeing, le grand rival, a le moral dans les chaussettes en ce moment. Il a des difficultés sur plusieurs programmes, et ne s’est toujours pas remis de la crise du Boeing 737MAX, dont deux crashs avaient déclenché l’arrêt forcé de tous les exemplaires pendant 18 mois. Boeing n’a plus engrangé la moindre commande en Chine depuis 3 ans. Cela correspond aussi à la guerre commerciale initiée alors par Donald Trump.
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Précision importante, cette méga commande est évidemment une bonne nouvelle pour l’Europe, mais la Chine elle-même va en profiter largement puisque les 300 avions seront produits dans une usine chinoise, celle de Tianjin, qui va d’ailleurs passer à une cadence de 5 à 6 avions par mois. Enfin, le signal, en creux, implicite, c’est que la Chine n’est pas encore prête à concurrencer elle-même Airbus et Boeing. Elle va y arriver un jour. Son avion C919 est de plus en plus élaboré, il est justement destiné à prendre la place des A320 et des B737. Il a lui-même réalisé un premier vol commercial à la mi-mai. Mais si ces quatre compagnies (Air China, China Eastern, China Southern et Shenzen Airlines) n’achètent pas chinois, c’est que le C919 n’est pas encore abouti, ou bien, trop cher pour le moment.
François Geffrier
Ecoutez François Geffrier (à partir de 6′) :
