Un rapport du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) s’inquiète des risques inconsidérés pris par certains pilotes Air France, qui agissent parfois selon leur jugement personnel. Mais dans l’urgence, il peut être impossible de suivre le protocole, témoigne le pilote et consultant Gérard Feldzer.
Certains pilotes ne coupent pas leur moteur lors d’une fuite de carburant
Lors d’incidents en vols, les équipages de la compagnie aérienne Air France ne respecteraient pas toujours les protocoles établis. Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA), l’autorité qui enquête sur les accidents d’aviation civile, a remis un rapport à ce sujet mardi. Il s’inquiète de la récurrence d’évènements démontrant une « adaptation voire une violation délibérée » des procédures de sécurité. Trois incidents viennent étayer ce rapport : il y a par exemple le non-respect de la coupure du moteur lors d’une fuite de carburant ou encore une montée en vol trop rapide.
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Un pilote doit parfois s’affranchir du protocole si les circonstances ne lui laissent pas le choix
Mais selon Gérard Feldzer, consultant en aéronautique et pilote chez Air France pendant 30 ans, ces incidents sont rares et il faut parfois s’affranchir du protocole si les circonstances le nécessitent. Il se remémore un atterrissage corsé à Bogota en Colombie : « il y avait un orage assez violent dans l’axe de l’aéroport et l’avion arrivait très vite. J’ai pris la décision de me poser [sur le tarmac] avec une vitesse excessive car c’était le moindre mal ». Gérard Feldzer avoue qu’il a dérogé au protocole : « j’aurais dû mettre les gaz avant ». Mais dans une situation dégradée, avec une météo très sévère, il est difficile de s’en tenir à des règles établies. « Je voulais me poser le plus rapidement possible. Il y a forcément une décision humaine à prendre sur le moment », poursuit-t-il. L’expérience du pilote est encore nécessaire pour traverser ce genre d’incident, estime-t-il, même s’il n’exclut pas qu’à l’avenir, de nouvelles protections existeront pour que celui-ci ne prenne pas de risques.
Azaïs Perronin
Ecoutez le reportage d’Azaïs Perronin à partir de 06:25