Thierry Breton était l’invité de la matinale de Guillaume Durance mardi 2 juin. Le commissaire européen au Marché intérieur a indiqué que 300 milliards d’euros du plan de relance de l’Union européenne pourraient être dégagés « dès le mois de septembre ». « Le gros de la somme globale devrait être disponible début janvier 2021″, a-t-il également annoncé, à la condition d’obtenir l’aval de tous les Etats membres. Le financement de cette dette européenne pourrait reposer en partie sur une taxe sur les GAFA et les entreprises étrangères polluantes.
« Ce n’est certainement pas en taxant les ménages que l’on va sortir de la crise », a insisté Thierry Breton
« Il n’est pas question d’annoncer une taxe pour les entreprises ». Alors que le plan de relance européen, qui prévoit près de « 1.600 à 1.700 milliards d’euros » de subventions et de prêts, est toujours en discussions entre les Etats membres, Thierry Breton a tenu à corriger « une fake news » qui circulerait dans les médias. La Commission européenne ne propose pas de taxation sur toutes les entreprises pour financer son plan mais se réserve seulement le droit d’imposer davantage les entreprises « qui viennent de l’extérieur et qui veulent profiter de notre marché intérieur ». Thierry Breton a ainsi désigné les sociétés du numérique, mais également celles qui ne respectent pas les contraintes environnementales.
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Une taxe GAFA, comme elle avait pu être portée par la France mais à l’échelle de l’Union Européenne, ou encore une taxe CO2 pourraient donc voir le jour dans un avenir proche, sur les entreprises totalisant un chiffre d’affaires de plus de 750 millions d’euros. Le commissaire au Marché intérieur a aussi écarté une autre hypothèse de financement du plan de relance européen.
"Il faut se préparer à un remboursement de la dette car toute dette doit être remboursée. On pense par exemple à des taxes aux frontières, comme la taxe GAFA." @ThierryBreton – commissaire européen au Marché intérieur https://t.co/c0SZYV73HO
— Radio Classique (@radioclassique) June 2, 2020
« Ce n’est certainement pas en taxant les ménages que l’on va sortir de la crise », a-t-il tranché, indiquant de la Commission de Bruxelles, qui va émettre au nom des Etats les obligations sur les marchés, aura « 30 ans pour rembourser ce montant ».
« Nous avons des arguments très forts pour convaincre » les pays réticents au plan de relance, a affirmé Thierry Breton
Thierry Breton assure que cette dette ne pèsera pas sur le budget de l’Europe, grâce aux taux d’intérêts « quasi nuls » auxquels elle peut emprunter. Malgré ce contexte favorable, l’Autriche ou encore les Pays-bas ont fait part d’une certaine hostilité à l’égard de ce plan, imaginé par Emmanuel Macron et Angela Merkel. « Nous avons des arguments très forts pour les convaincre. On va les ramener à cette nécessité puisque tout le monde au sein de la zone euro est confronté à cette problématique ».
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L’ancien ministre de l’Economie de Jacques Chirac a donc cherché à rassurer les partisans de l’orthodoxie budgétaire, en réaffirmant que cette dette devra « être remboursée » et qu’elle ne servira à compenser la gabegie de certains pays membres. Elle ne servira pas à « aborder certains Etats qui auraient pu être taxés ici ou là de laxisme gestionnaire », a-t-il assuré.
La recession en France est évaluée à 11% du PIB, d’après les derniers chiffres de Bruno Le Maire
« Les chiffres sont à la hauteur de la crise », a plus globalement estimé Thierry Breton, qui avait été mandaté par le président du Conseil européen, Charles Michel, pour en évaluer le coût. La crise, d’après les dernières données de Bruno Le Maire, devrait entrainer une récession de 11% en France en 2020. « Nous entrons dans la crise économique et devons tout faire pour ne pas qu’elle se transforme en crise sociale », a déclaré le commissaire, qui est entré dans le détail chiffré du plan de relance de l’UE.
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« En ce qui concerne les aides directes et prêts de la Commission, c’est 1.200 milliards. Ensuite, nous utiliserons les capacités à mobiliser une partie de ses fonds pour intervenir auprès des entreprises avec des fonds privés » pour atteindre une enveloppe de « l’ordre de 1.600 – 1.700 milliards » d’euros. « Il y a 433 milliards d’euros qui vont être des subventions, parce que beaucoup d’entreprises ont besoin de se recapitaliser », a-t-il précisé.
Plan de relance européen : "443 milliards d'euros vont être des subventions directes. C'est une volonté du président Macron et de la Chancelière Merkel" @ThierryBreton – commissaire européen au Marché intérieur https://t.co/c0SZYV73HO
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Un volet de 300 milliards devrait être mis à disposition des Etats « dès le mois de septembre » afin de renflouer les entreprises en manque de liquidités. « Le gros de la somme globale devrait être disponible début janvier 2021″, a annoncé Thierry Breton.
Nicolas Gomont