« Attentats de janvier 2015 un procès pour l’Histoire », c’est la une de Ouest France, « Pour l’Histoire » c’est également la formule que reprend le Courrier Picard et le Télégramme de même que le Monde qui titre « Charlie, hyper casher, un procès pour l’Histoire », « Pour eux pour nous pour l’Histoire » reprend Libération.
Charlie Hebdo publie à nouveau les caricatures de Mahomet, mobile du massacre du 7 janvier
Pour le quotidien Libération Champagne c’est « Le procès des complices », pour La Croix c’est « L’heure de la justice » et pour le Parisien Aujourd’hui en France c’est « Le procès de la terreur ». Et Charlie ? Eh bien il publie un numéro pour l’histoire, remet à la Une les caricatures de la discorde avec ce titre : « Tout ça pour ça ». Le nouveau numéro de Charlie Hebdo est en kiosque alors que s’ouvre le procès des attentats de 7, 8 et 9 janvier 2015 précise l’hebdomadaire satirique, soucieux de n’oublier ni les membres de sa rédaction tués le matin du 7, ni la policière abattue à Montrouge le 8 ni les victimes de l’Hyper Cacher tuées le 8.
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« Tout ça pour ça » assorti des caricatures qui ont fait du journal, la cible des terroristes. Charlie Hebdo publie donc à nouveau ces caricatures de Mahomet et justifie son choix. Ces dessins appartiennent désormais à l’Histoire et on ne réécrit pas l’Histoire, pas plus qu’on ne peut l’effacer. C’est la publication de ces dessins considérés comme un blasphème qui constituent le mobile du massacre du 7 janvier. Ces dessins sont des pièces à conviction. Et la rédaction de Charlie Hebdo poursuit : depuis 2006, année de publication de ces caricatures, 14 années se sont écoulées, c‘est donc un devoir d’information de porter ces dessins à la connaissance du public, ils ont une valeur aussi bien historique que pénale. Reproduire cette semaine de l’ouverture du procès ces caricatures nous a semblé indispensable.
Numéro spécial : Tout ça pour ça.
Retrouvez :
? Un florilège des charognards du 7 janvier 2015
? Procès : la parole aux familles
? Sondage exclusif @IfopOpinion : la liberté d'expression c'est important, mais…Disponible dès demain ! pic.twitter.com/NyiTmva6Kr
— Charlie Hebdo (@Charlie_Hebdo_) September 1, 2020
« Demain peut encore nous tuer », affirme Riss, directeur de la publication de Charlie Hebdo
Toutes les raisons qu’on pourrait nous opposer ne relèvent que de la lâcheté politique ou journalistique. « Nous ne nous coucherons jamais » promet Riss, le directeur de la publication du journal. Il qui signe un édito plein de colère, de rage et de détermination. Pour lui ce procès pour l’Histoire ne règle en aucun cas les sujets du présent. Nous ne nous coucherons jamais, nous ne renoncerons jamais.
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« La haine qui nous a frappé est toujours là » écrit le dessinateur, « Depuis 2015 elle a pris le temps de muer, de changer d’aspect pour passer inaperçue et poursuivre sans bruit sa croisade impitoyable ». Car pour le patron de Charlie, des procès il faudrait en faire non pas un mais 10, 20 ou cent et c’est à ce point de l’édito qu’on devine cette colère froide contre l’époque, car Riss estime qu’il faudrait mettre en procès la lâcheté, le cynisme, le pédantisme, l’inculture, la trahison, la couardise, la superficialité, les calculs politiques, le confort intellectuel, l’indécision, l’imprévoyance, autant de tares cumulées du passé récent et du présent qui toutes réunies, ont permis d’exterminer un journal. Et Riss a ces mots, « demain peut encore nous massacrer ».
David Abiker