Panthéonisation de Joséphine Baker : un « coup politique » ?

Allison Marchant/ Flickr

Joséphine Baker sera la sixième femme et la première femme noire à entrer au Panthéon. Bien plus qu’une figure du music-hall, les journaux brossent ce matin le portrait d’une artiste résolument engagée et résistante.

Une panthéonisation « symbole d’une histoire française en mouvement »

En 1940, française depuis à peine trois ans, Joséphine Baker recueille des informations sur les positions de l’armée allemande en France. Elle épingle ses rapports sous sa robe et cache des informations dans ses partitions, pourtant à cette période, « les douaniers lui réclament un autographe plutôt que ses papiers », raconte Le Figaro.

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Le choix de Joséphine Baker au Panthéon représente « le symbole d’une histoire française en mouvement », analyse La Croix.

Joséphine Baker: plus facile à assumer que Gisèle Halimi

Certains lisent un « coup » politique dans cette panthéonisation. Pour Le Figaro, c’est une manière de panser quelques blessures : « il est vrai que le choix de cette personnalité n’est pas anodin dans une période où la France vit au rythme des fractures sociétales ». D’autres journaux invoquent l’agenda parlementaire. « Alors que la loi sur le séparatisme vient d’être adoptée et que la question raciale demeure un sujet de débat brûlant, Emmanuel Macron choisit là d’investir la question identitaire sous le prisme de la citoyenneté », explique La Croix. Libération se pose une question plus polémique : quid de Gisèle Halimi ? Depuis son décès l’année dernière, l’avocate est toujours sur la short-list, mais son entrée au Panthéon a été éloignée par Emmanuel Macron, du fait de son engagement anticolonialiste.

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En somme, si Baker constitue un symbole de liberté, de courage, et de tolérance, elle représente également un choix plus facile à assumer politiquement pour le Président. « Les panthéonisations en disent paradoxalement plus sur celui qui panthéonise que sur la personne panthéonisée », estime Kaoutar Harchi.

Victoire Faure 

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