Municipales : « Notre adversaire est l’islam politique », pour Guillaume Peltier

Invité de Guillaume Durand dans la matinale de Radio Classique ce mercredi, Guillaume Peltier, vice-président délégué des Républicains, a souhaité que son parti devienne « le parti du travail et non pas celui de la finance et de l’assistanat », mais aussi « celui de la laïcité, parce que notre adversaire est l’islam politique ».

« Une fédération traumatisée » et « trahie par Edouard Philippe »

Dénonçant « le panurgisme » des députés En Marche dans l’affaire du « congé de deuil parental », Guillaume Peltier s’agace : « On ne va pas continuer des semaines et des semaines à parler de ce sujet ». La polémique lasserait-elle la première force d’opposition à l’Assemblée Nationale ? Le parti Les Républicains – favorable à la proposition de loi déposée par le centriste Guy Bricout – y voit tout de même le signe de « l’arrogance » et « de la déconnexion » des macronistes à l’égard des Français. Le feuilleton, qui a débuté le 30 janvier dernier par le rejet (40 voix contre 38) de la disposition visant à allonger le congé légal d’un parent en deuil de son enfant à 12 jours, a fini d’ulcérer les députés de la majorité le 1er février. Ayant calqué leur vote sur la position de la ministre du Travail, Murielle Pénicaud, ils ont vécu la sortie médiatique du président de la République, appelant à faire machine arrière par « humanité », comme un désaveu et le témoignage du mépris de leur fonction de député.

 

 

Mais si Les Républicains semblent vouloir tourner la page, c’est pour mieux se concentrer sur les enjeux des municipales. Ils ne soutiendront pas le Premier ministre Edouard Philippe, ex-LR et déclaré candidat à la mairie du Havre aux prochaines élections municipales. « Une décision politique forte », assure de son côté Guillaume Peltier. Une doctrine prise en bureau politique, réuni au siège du parti hier mardi 4 février. Pour autant, pas question de présenter un candidat face au chef du gouvernement ; en somme les électeurs LR sont invités à ne pas voter pour Edouard Philippe sans pour autant pouvoir se reporter sur une quelconque alternative. Un choix qui aurait été fait sous contrainte : « La fédération est traumatisée, puisqu’elle a été trahie par Edouard Philippe et ses amis », justifie le vice-président des Républicains, qui estime que l’ancrage territorial LR au Havre « mérite reconstruction ». Une opposition en demi-teinte donc, symbole de la position ambiguë de la droite vis-à-vis des candidats macron-compatibles. Déjà, les Républicains avaient hésité à exclure en octobre 2017 les transfuges de leur mouvement nommés au gouvernement, comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin. Le choix de la non-confrontation directe avec La République en Marche pourrait aussi relever d’un échange de bons procédés. Ainsi, LREM n’a pas présenté d’opposants face aux maires sortants Christian Estrosi, à Nice, et Jean-Luc Moudenc, à Toulouse.

 

La victoire de Rachida Dati à Paris « possible » pour Guillaume Peltier

Le député du Loir-et-Cher garantit malgré tout la « clarté » de son parti à l’égard du pouvoir. « La République en Marche pratique la politique du coucou pour masquer son incapacité à présenter des candidats », tranche-t-il. Une critique régulièrement prononcée par les partis d’opposition, notamment suite à la publication d’une circulaire du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le 10 décembre dernier. Elle visait à exclure les villes de moins de 9.000 habitants de la comptabilisation par étiquettes politiques des prochains résultats électoraux. Une ruse pour masquer le manque de présence de LREM dans les territoires ruraux, selon ses détracteurs. Cette circulaire a depuis été abrogée et remplacée par une autre, fixant le plancher aux villes de moins de 3.500 habitants. Le résultat d’un « recours que nous avons initié avec Christian Jacob [le président des Républicains], des parlementaires et des élus locaux auprès du Conseil d’Etat », s’est félicité Guillaume Peltier.

 

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Une circulaire qui n’aurait rien changé au scrutin à Paris, où se présente pour LR la maire sortant du VIIe arrondissement Rachida Dati. Guillaume Peltier salut « sa stratégie de campagne qui s’adresse aux milieux de cordée » et assure que sa victoire sur Anne Hidalgo reste possible. Malgré une remontée dans les sondages d’opinion, Rachida Dati doit encore affronter plusieurs embûches. Le XVe arrondissement, des plus stratégiques en termes de nombres d’électeurs, est sujet à des querelles internes depuis plusieurs semaines. Le sortant LR Philippe Goujon, qui s’est éloigné du parti, a refusé de soutenir Rachida Dati. Une autre candidate a donc été investie face à lui et le risque de division des voix est important, favorisant ainsi les autres listes. C’est le résultat de dissensions et d’affrontements sur la ligne du parti, toujours pas figée depuis la défaite aux présidentielles.

 

Nicolas Gomont

 

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