Loi pouvoir d’achat : « C’est la poursuite du quoi qu’il en coûte », dénonce l’économiste Nicolas Baverez

istock

Alors que le projet de loi pouvoir d’achat vient d’être adoptée par le Sénat et l’Assemblée, malgré une assemblée très diverse, Nicolas Baverez pointe certaines limites de ce texte. L’économiste, historien, éditorialiste au Point et au Figaro était l’invité de Gaël Giordana dans la matinale de Radio Classique.

Nicolas Baverez : « où va-t-on trouver de l’argent pour la réindustrialisation ou la transition écologique ? »

65 milliards d’euros seront débloqués pour aider les Français à lutter contre l’inflation, c’est que prévoit le paquet pouvoir d’achat voté par le Sénat et l’Assemblée. De l’argent qui « comme d’habitude », note Nicolas Baverez, « sera trouvé par l’Etat sous forme de dette publique ». Le gouvernement a certes vu que malgré une majorité relative à l’Assemblée nationale, les textes pouvaient tout de même être adoptés, toutefois il y a « une grande limite » selon l’économiste. « L’accord s’est fait sur la poursuite du quoi qu’il en coûte », assure-t-il : « 65 milliards d’euros, c’est pratiquement 3% du PIB, et il y a des limites à cela. Emmanuel Macron avait dit qu’il n’y aurait ni impôt ni dette supplémentaire, et même si on échappe au projet de taxe sur les super profits, il est clair qu’il y aura une dette supplémentaire à un moment donné ».

A lire aussi

 

Autre limite pointée par Nicolas Baverez, le fait que l’état prenne à son compte une très forte partie de l’inflation. Or les pouvoirs publics ont besoin d’argent pour financer des secteurs cruciaux, comme la transition écologique et le réarmement dans un contexte de fortes tensions, pointe l’historien. Il assure même avoir « l’impression qu’on s’oriente vers un exercice a minima sur un bricolage de la loi de programmation militaire, qui est pas du tout à la hauteur des enjeux ». Il s’interroge également « où va-t-on trouver de l’argent pour la réindustrialisation ou la transition écologique ? ». Cette façon de « faire passer le message que tout est comme avant est très dangereuse », explique Nicolas Baverez, qui cite l’invasion de l’Ukraine et le conflit autour de Taïwan. Selon lui notre monde économique a complètement changé, ce que n’ont visiblement pas encore compris les politiques français, dénonce-t-il.

Béatrice Mouedine

 

Retrouvez tous les articles liés à la politique