Emmanuel Macron est en déplacement aujourd’hui dans les Alpes-Maritimes, le département d’Eric Ciotti. Le député, candidat malheureux à la primaire LR sèchera l’évènement et n’accomplira pas le traditionnel accueil républicain.
Un ministre trouve l’attitude d’Eric Ciotti « a minima paradoxale, a maxima pas à la hauteur »
C’est pourtant une tradition, un usage très ancré dans la pratique politique en France : quand le président de la République se déplace, les élus locaux et les députés de la circonscription vont à sa rencontre, et ce, quelle que soit leur couleur politique. Eric Ciotti, finaliste du congrès de LR, et aujourd’hui, pièce maîtresse du dispositif de Valérie Pécresse, a décidé de boycotter la venue d’Emmanuel Macron ce lundi 10 janvier sur ses terres des Alpes-Maritimes. Il dit en avoir assez des sorties présidentielles aux allures de « déplacement de campagne ».
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Il faut dire qu’Emmanuel Macron, en déplacement, ne s’interdit jamais de faire de la politique, on l’a maintes fois constaté et c’est l’inverse qui serait étonnant. A trois mois du vote, alors que Valérie Pécresse est au coude-à-coude avec Marine Le Pen pour accéder au second tour, c’en est trop pour Ciotti, donc ce sera sans lui. Une mauvaise manière aux yeux des fans du président à l’image de ce ministre qui confie au Parisien : « Pour un homme qui passe ses journées à faire des leçons sur la République et la nation, c’est a minima paradoxal, a maxima pas à la hauteur ».
A trois mois de l’élection, fini les politesses et les faux-semblants
Ceci étant dit, ce n’est pas une mauvaise idée. Le « conseiller autorité » de Valérie Pécresse n’est pas obligé non plus de tomber dans tous les pièges tendus par Emmanuel Macron. Le président adore ces moments de confrontation avec des adversaires politiques contraints de l’attendre (parfois longuement) dans le froid ou sous la pluie lors d’une visite officielle. Cette posture les place forcément en position d’infériorité. Prenez par exemple Xavier Bertrand. Il a essayé de la jouer d’égal à égal avec le chef de l’Etat et ça ne lui a pas réussi. Pendant le congrès de LR, Macron s’est rendu à deux reprises dans les Hauts-de-France. A chaque fois, Bertrand a voulu mettre en scène le bras-de-fer. A chaque fois, le dialogue de sourds a tourné à l’avantage de celui qui occupe déjà le fauteuil. Nous sommes aujourd’hui le 10 janvier. Le premier tour, c’est le 10 avril, autant dire, demain ! Donc les protagonistes ne font plus ni faux-semblants, ni politesses. Les relations se tendent. Valérie Pécresse a par ailleurs besoin de démontrer qu’elle et Macron, cela n’a rien à voir, donc pas de salamalecs. Il reste trois mois d’affrontement total.
David Doukhan