Un hommage aux victimes de l’attentat de la rue des Rosiers a été rendu ce mardi 9 août à Paris, 40 ans après le drame. « La douleur est intacte », a réagi Yonathan Arfi, le nouveau président du Crif (Conseil Représentatif des Institutions juives de France). Au micro de Radio Classique, il appelle à la tenue d’un procès et assure que l’antisémitisme est encore présent en France.
589 actes antisémites ont été recensés en 2021, en hausse de près de 75% par rapport à 2020
Pour la première fois depuis le terrible attentat de la rue de Rosiers en 1982, un officiel français a participé à une cérémonie d’hommage. Le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti était présent et a déclaré que cette attaque « était un acte contre la France ». Des propos applaudis par Yonathan Arfi : « il faut que la société entende que la France n’a pas été le théâtre de cet attentat mais bien la cible ». Il estime que malgré les 40 années qui sont passées, un procès est nécessaire pour que « la vérité éclate ». Aujourd’hui, des suspects ont été identifiés, en France, en Norvège, en Jordanie et dans les territoires palestiniens, a rappelé le président du Crif. Il plaide pour que la France pèse diplomatiquement pour obtenir l’extradition de ceux qui sont à l’étranger.
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Pas de compromis sur l’antisémitisme, assure Yonathan Arfi
Hier, le Garde des Sceaux a également déclaré que « l’antisémitisme, cette bête immonde n’est pas morte ». 589 actes antisémites ont été recensés en 2021, en hausse de près de 75% par rapport à l’année précédente. Et les violences physiques visant les juifs ont augmenté en un an de 36%. Là aussi, Yonathan Arfi partage le constat d’Eric Dupont-Moretti : « l’antisémitisme aujourd’hui en France continue à exister, et s’est même diffusé ». Il pointe les propos de terroristes affirmant agir contre Israël, ou pour les enfants palestiniens, en décidant d’attaquer des Français juifs. Il souhaite que le conflit israélo-palestinien puisse être traité et perçu en France « comme n’importe quel autre conflit dans le monde ». S’agissant de la vie politique française, et de l’Assemblée nationale où les partis extrêmes ont une place renforcée, Yonathan Arfi, tout juste arrivé à la présidence du Crif, est très clair : « nous n’avons pas de dialogue à entretenir avec ceux qui sortent, à nos yeux, du champ républicain. C’est le cas de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche, en l’occurrence le Rassemblement National et la France insoumise ». Le Palais Bourbon a récemment été le théâtre de nombreuses polémiques liées à la question de l’antisémitisme. Yonathan Arfi assure ne vouloir faire « aucun compromis » là-dessus.
Béatrice Mouedine