Paul Paray se fera surtout connaître comme chef d’orchestre, aux Concerts Lamoureux puis aux Concerts Colonne, même s’il a d’abord été compositeur pendant la première partie de sa vie. Après la seconde guerre, il part aux Etats-Unis diriger l’orchestre symphonique de Detroit, avec lequel il enregistre ses plus beaux disques. Sa bonne santé lui permet de poursuivre sa carrière jusqu’à plus de quatre-vingt-dix ans, une longévité assez exceptionnelle.
Paul Paray en 10 dates :
- 1886 : Naissance au Tréport
- 1911 : Prix de Rome
- 1914 : Prisonnier des allemands pendant la Première Guerre mondiale
- 1920 : Chef d’orchestre adjoint des Concerts Lamoureux
- 1932 : Président des Concerts Colonne
- 1940 : Démissionne des Concerts Colonne
- 1951 : Directeur du Detroit Symphony Orchestra
- 1966 : Tournée aux USA avec l’Orchestre de l’Opéra de Monte Carlo
- 1967 : Tournée en URSS avec l’Orchestre de Paris
- 1979 : Mort à Monte Carlo
Son père organiste lui donne sa première formation musicale, qu’il complète ensuite à Rouen.
Sa formation musicale commence très tôt auprès de son père, organiste de l’église du Tréport, puis à la Maîtrise de la cathédrale de Rouen. Il apprend l’orgue, le piano et le violoncelle et intègre le Conservatoire national de Paris en 1904. Il remporte le prix de Rome de composition en 1911 et part à l’Académie Médicis.
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Depuis l’âge de seize ans, il compose des mélodies et des pièces pour piano, très inspirées de Fauré. Pendant ses études au conservatoire, il compose une Fantaisie pour piano et orchestre et une Sonate pour piano et violon. Son séjour à Rome lui est bénéfique. Il s’y trouve heureux et compose de nombreuses œuvres, dont un oratorio Jeanne d’Arc, créé à Rouen en 1913.
Il est fait prisonnier par les allemands au début de la guerre, et subit quatre années de captivité.
Après avoir combattu deux mois sur le front de Belgique, il est fait prisonnier et envoyé en captivité à Darmstadt, où il reste quatre ans, sans disposer d’instrument de musique. Il est néanmoins capable de composer et achèvera après la guerre des œuvres conçues en captivité, comme son Quatuor à cordes. Dans les années 1930 il compose plusieurs œuvres importantes, dont une Messe pour Jeanne d’Arc, qui enthousiasme Florent Schmitt, et deux symphonies créées en 1935 et 1940.
Sa carrière de chef d’orchestre débute en 1920 par un concert salle Gaveau.
Appelé à remplacer André Caplet pour diriger l’orchestre des concerts Lamoureux salle Gaveau, il remporte un grand succès et se fait engager comme adjoint de Camille Chevillard, le chef titulaire, auquel il succédera en 1923. Il reste cinq ans à ce poste puis prend la tête de l’orchestre de l’Opéra de Monte Carlo, avant de devenir président des Concerts Colonne, prestigieuse formation de l’époque. Pendant les années 1930, il dirige un vaste répertoire classique et romantique, mais aussi contemporain avec des œuvres de Poulenc, Duruflé, Ibert, Roussel, Schmitt ou Prokofiev. Il dirige souvent les œuvres de Ravel. Il crée ainsi son oeuvre ultime Don Quichotte à Dulcinée en 1934, et à quelques jours de sa mort en décembre 1937, donne au Châtelet son Concerto pour la main gauche avec Alfred Cortot.
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Paul Paray démissionne des Concerts Colonne en octobre 1940, et quitte Paris.
Refusant les mesures imposées par l’occupant, il démissionne et part en zone libre, à Marseille d’abord puis à Monaco. Là, il reprend l’orchestre de l’Opéra et engage des musiciens chassés de France par les mesures anti-juives. A la Libération, il réorganise son orchestre Colonne puis participe à la création de l’Orchestre philharmonique d’Israel.
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Déjà apprécié à New York en 1939, il part en tournée dans plusieurs villes des Etats-Unis en 1951. Il se voit proposer la direction du Detroit Symphony Orchestra, qui est à l’arrêt depuis deux ans. Il y restera onze ans et en fera un des grands orchestres américains. Il enregistre de nombreux disques avec le label Mercury, qui ont beaucoup de succès aux Etats-Unis et en Europe. Ses interprétations des œuvres de Ravel et des symphonies de Schumann demeurent de belles références, notamment la première symphonie « Le Printemps ». De retour en France en 1962, il est invité par plusieurs orchestres, et part en tournée avec l’Orchestre de l’Opéra de Monte Carlo puis avec l’Orchestre de Paris. Il retrouve encore à plus de quatre vingt dix ans son orchestre de Detroit.
La Bourrée fantasque de Chabrier, avec l’Orchestre de l’ORTF en 1971
Paul Paray s’éteint à Monte Carlo pendant une série de concerts.
En 1979, il est à Monte Carlo pour des concerts avec l’Orchestre de Paris et son ami Yehudi Menuhin, qu’il a fait débuter enfant en 1927 avec son orchestre Lamoureux. Il décède le 10 octobre et, comme il le souhaitait, est enterré dans sa ville natale du Tréport.
Parmi tous les grands chefs d’orchestre de sa génération, Paul Paray n’est pas celui qui a bénéficié de la plus grande notoriété, notamment en France. Mais ses enregistrements redeviennent, peu à peu, des références. Ses compositions, en revanche, restent à redécouvrir.
Philippe Hussenot