Mort d’Elizabeth II : Tristesse et nostalgie en une des journaux britanniques et français

Jon Super/AP/SIPA

La reine Elizabeth II s’est éteinte ce jeudi 8 septembre et l’annonce a bouleversé l’agenda médiatique des deux côtés de la Manche. Les médias français rivalisent d’anecdotes concernant la reine pour saluer ses 70 ans de règne.

La presse française, nationale comme régionale, salue unanimement la reine Elizabeth II

La presse britannique affiche à la une la reine à tous les âges de son règne, du noir et blanc à la couleur. Du vert pomme, du rose pétard, du jaune poussin, du mauve, du rouge. Mais la presse anglaise a la couleur du chagrin ce matin, du deuil et de la reconnaissance. The Times titre très sobrement « Mort de la Reine », tout comme The Guardian, qui publie une photo d’Elizabeth vers 30 ans en grand habit d’apparat, vêtue de l’hermine et du sceptre royal. « Notre bien aimée reine », s’émeut The Daily Express. The Sun, journal populaire jamais avare d’un scandale royal, choisit une déclaration d’affection : « nous vous aimions Madame ». La une du Daily Mail affiche : « nos cœurs sont brisés ». Quant au Daily Telegraph, il a choisi une citation de la reine : « le chagrin est le prix que nous payons pour l’amour ». Enfin, le Financial Times met à la une un portrait somptueux de la reine dans une robe blanche, col en fourrure immaculée et titre sobrement « Elizabeth II 1926-2022″.

A lire aussi

 

De ce côté de la Manche, la presse française salue unanimement la reine et en particulier la presse régionale. Chaque quotidien régional a réservé ses premières pages à la disparition d’Elizabeth. « L’Adieu à la Reine », titre Le Courrier Picard. Corse-Matin se met au noir et titre sobrement « The Queen ». « 70 ans de Règne » choisit la Dépêche du Midi, « Reine Forever » pour La Charente Libre ou « The Queen » pour Ouest-France. Plus nostalgique pour Paris-Normandie avec « The End » ou le Progrès avec « So long ». Pour Var-Matin, c’est même « la fin d’un monde ». Quant à nos journaux nationaux, c’est « l’Adieu à la Reine » pour Le Figaro et « nous l’avons tant aimée », pour Le Parisien-Aujourd’hui en France. « Mort du dernier grand témoin de l’histoire », rappelle L’Opinion, après plus de 70 ans de règne d’Elizabeth II. « Farewell » et « Peine d’Angleterre » pour Les Echos et Libération.

 

« Je me dois d’être toujours impeccablement coiffée, vous n’imaginez pas ce que c’est ! »

Mais la question qui se posait hier pour un journaliste de presse écrite était : comment démarrer un portrait d’Elizabeth II ? Quelle phrase, quelle image, quel détail pour faire entrer le lecteur dans la vie de « cette femme ordinaire au destin extraordinaire » écrit Le Parisien ? Commençons par Libération et le papier de Sonia Delesalle-Stolper. Ca commence comme cela : « elle admirait des éléphants. Peut-être était-ce des antilopes ou des phacochères. Ou alors ces deux magnifiques rhinocéros. Elle est devenue reine sous le soleil à 10.000 kilomètres de son royaume ». Charles de Saint-Sauveur débute ainsi son édito pour Le Parisien-Aujourd’hui en France : « Elizabeth est toujours montée à cheval sans toque. A un palefrenier qui lui en faisait un jour le reproche, la princesse s’était justifiée. +Je me dois d’être toujours impeccablement coiffée, vous n’imaginez pas ce que c’est +! » . Comment commencer un papier sur les relations entre la reine et ses 15 premiers ministres ? Florentin Collomp du Figaro s’y attache et démarre par une anecdote : « quand, après des année d’intrigue, en pleine crise politique du Brexit, Boris Johnson est arrivé devant la Reine Elizabeth pour être enfin intronisé premier ministre, la souveraine lui a lancé +Je ne comprends pas pourquoi quiconque puisse vouloir de ce job+ ». Un dernier exemple dans La Croix, sous la plume de Tristan de Bourbon, correspondant à Londres. « Diplomate et consensuelle, Elisabeth II s’est permise parfois quelques écarts avec l’étiquette. Elle s’est ainsi jouée en 1998 du prince héritier Abdallah qui allait devenir roi d’Arabie Saoudite. Après l’avoir invité à faire le tour de sa propriété de Balmoral en Ecosse, la reine est montée sur le siège conducteur, a allumé le moteur et a démarré. Les femmes n’étaient pas encore autorisées à conduire en Arabie Saoudite et Abdallah pas habitué à être conduit par une femme ».

A lire aussi

 

La reine se raconte aussi en chiffres : Elizabeth II, rapporte Le Parisien, c’est d’abord deux larmes. La reine n’a en effet versé que deux larmes en public. C’était en 1997 quand le navire Britannia, sur lequel elle avait fait tant de voyage, a été mis à la retraite. 32 : c’est le nombre de chiens de race corgi qu’a élevé et aimé la reine. Elle a parcouru 71 000 kilomètres autour du monde en voyage officiel, tout cela avec zéro passeport. 1,280 kilogramme, c’est le poids de la couronne. Enfin, il y a 007 : en 2012, les JO débutent à Londres et pour la cérémonie d’ouverture, la reine ose la rencontre dont le cinéma rêvait pour elle. Un homme arrive à Buckingham Palace, allure déterminée, mâchoire carrée, smoking impeccable : c’est Daniel Craig alias James Bond. Il est conduit jusqu’à la reine, qui lui tourne le dos. Elle pose le stylo et accueille son espion préféré. Ils montent dans un hélicoptère qui va traverser Londres pour survoler le stade où se déroule la cérémonie d’ouverture. La porte de l’hélicoptère s’ouvre : on pense que Bond va sauter mais c’est bien la reine qui se jette en premier, un parachute s’ouvre puis un second aux couleurs de l’Union Jack. Hier, elle est remontée dans l’hélicoptère direction l’éternité.

 

La presse a déjà les yeux rivés sur le nouveau souverain Charles III

La reine n’est pas encore inhumée qu’il est aussi temps de s’intéresser au nouveau roi, Charles d’Angleterre, prince de Galles et désormais Charles III. Tous les journaux lui annoncent une tâche difficile dans un monde qui a changé. Mais pour Libération, Charles a plus d’une corde à son arc et a depuis longtemps pris le train de l’écologie. En 1969, dans un courrier non-officiel au premier ministre de l’époque, Harold Wilson, il s’inquiète de la pêche intensive du saumon dans l’Atlantique Nord. Combattant du gaspillage, défenseur de l’agriculture biologique, producteur de produits bio, amateur de jardin, pourfendeur de l’architecture futuriste… Charles III a un autre talent caché, nous révèle Libération, dont l’actrice Emma Thompson parle le mieux : « Charles est un extraordinaire danseur, il est le meilleur danseur, pas un danseur disco, un vrai danseur, je n’ai jamais dansé avec quelqu’un qui puisse me conduire d’une manière telle que je puisse me détendre et me laisser aller, c’est un danseur charismatique, très viril, c’est merveilleux, meilleur que le sexe ». Ecolo et bon danseur, il y a pire pour débuter un règne.

David Abiker

 

Retrouvez les articles liés à l’actualité internationale