Que ce soit dans ses opéras ou dans ses poèmes symphoniques, Richard Strauss expérimente toujours les possibilités expressives de l’orchestre. Magistrale, imagée, souvent mélodieuse, la musique de Richard Strauss nous saisit dès les premières notes, quel que soit le genre. En choisissant le début d’Ainsi parlait Zarathoustra pour son film L’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick exploite cette puissance évocatrice.
Sur les 16 opéras de Richard Strauss, près de la moitié font l’objet d’une collaboration avec l’écrivain Hugo von Hofmannsthal
Comme Mahler, de 4 ans son aîné, Richard Strauss s’oriente vers la direction d’orchestre et la composition. Mais, contrairement à lui, il ne se borne pas aux domaines de la musique symphonique et du lied. Des pièces pour piano, de la musique de chambre (dont les sonates pour violon et violoncelle), des concertos (dont 2 pour cor, l’instrument paternel), des œuvres pour petit ensemble à vents, et des chœurs a capella viennent diversifier son catalogue. Surtout, une quinzaine d’opéras voient le jour. A la variété des thèmes abordés répond la pluralité des esthétiques. Elektra, d’une violence expressionniste, met en scène les règlements de comptes entre mère et fille empruntés à Sophocle. Le Chevalier à la rose, post-romantique, suggère l’éveil à l’amour et le passage du temps. Capriccio, en flirtant avec le néoclassique, reprend une querelle très en vogue au XVIIIème : le prima de la parole ou de la musique. Six livrets d’opéra sont signés Hofmannsthal, notamment ceux d’Ariane à Naxos et Arabella. Une longue et fructueuse collaboration, étalée sur 24 ans, et qui ne cessera qu’avec la mort de l’écrivain.
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Le poème symphonique, développé par Liszt, devient un terrain d’expérimentation orchestrale pour Richard Strauss
Contrairement à Bruckner, Richard Strauss s’aventure hors des limites de la symphonie. La “musique de l’avenir” (Liszt, Wagner) l’a marquée lorsqu’il était adolescent, et il va s’en inspirer. Le poème symphonique lui offre ainsi un terrain d’expérimentation. Développé par Liszt, ce genre s’appuie sur un élément extra-musical, pour renouveler l’imaginaire mais surtout faire exploser les cadres formels. Puisé dans la littérature (Don Quichotte de Cervantès, Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzche), ou écrit par lui-même (Une Vie de héros), l’argument est le point de départ d’une formidable invention orchestrale. Même lorsqu’il assume l’héritage de la symphonie, Strauss fait volontiers appel à un “programme”, prétexte au renouvellement de la forme, comme dans la Symphonie alpestre. Protéiforme, le génie du compositeur s’inspire du passé pour réinventer le présent.
Sixtine de Gournay
1) Ainsi parlait Zarathoustra, Introduction (Orchestre Philharmonique de Berlin, direction Gustavo Dudamel)
2) Le Chevalier à la rose, Présentation de la rose (Anne Sophie von Otter, Barbara Bonney)
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3) Don Quichotte, Extrait (Mstislav Rostropovich, Orchestre Philharmonique de Berlin, dir. Herbert von Karakjan)
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4) “Im Abendrot”, Quatre Derniers Lieder (Renée Fleming, Philharmonia Orchestra, dir. Christoph Eschenbach)
5) Sonate pour violon et piano, 2ème mouvement (Nicola Benedetti, Alexei Grynyuk)