Versailles, Louis XIV. Quand on écoute la musique de Lully, ce sont ces images qui nous viennent en tête. Italien, Lully va pourtant devenir une référence du style baroque français. Il compose pour Molière la musique du Bourgeois gentilhomme, et crée le genre de la tragédie lyrique où la danse se mêle au chant.
Molière se voit écarté du cercle royal par les intrigues de Lully
Avant d’être français, Lully est né italien. C’est pour apprendre cette langue à la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, qu’il arrive à Paris en 1646. Il devient bientôt danseur puis compositeur à la cour de Versailles. Il crée avec Molière la comédie-ballet, où la danse et la musique jouent un rôle considérable. Le Bourgeois gentilhomme et Le Mariage forcé sont autant d’exemples de ce nouveau genre qui ravit Louis XIV, grand danseur et amateur d’art. Mais, égoïste et arriviste, Lully manœuvre auprès du roi pour écarter Molière et se faire attribuer le monopole du théâtre chanté au château de Versailles. Les autres compositeurs appréciés à l’époque, comme Marc-Antoine Charpentier, doivent faire représenter leurs œuvres à Paris. Le roi s’y rend peu, c’est donc une manière de limiter la concurrence ! A partir de là, Lully va créer un opéra à la française, appelé tragédie lyrique – qu’utilisera plus tard Rameau.
A lire aussi
Lully crée un opéra à la française, qui satisfait le goût du roi pour la danse et les spectacles somptueux
La comédie-ballet était encore une alternance entre parlé et chanté. Avec l’opéra, importé d’Italie, la musique devient omniprésente d’un bout à l’autre du spectacle. Mais Lully respecte les particularités du goût français de l’époque. Les chœurs tiennent une grande place dans la tragédie lyrique, ainsi que la danse, alors que cette dernière est quasiment absente de l’opéra italien. L’importance accordée au texte est aussi typiquement français. Lully invente une forme de récitatif qui se calque sur la déclamation telle que la pratiquent les comédiens de l’époque. Les scènes d’action sont donc écrites en récitatif – ce qui permet au spectateur de bien comprendre ce qui se passe – tandis que les airs épanchent les émotions des personnages. Enfin, le public de Versailles aime les spectacles fastueux, avec de grandes machineries. La Bruyère dit ainsi de la tragédie lyrique qu’elle satisfait « l’esprit, les yeux, les oreilles ». A partir de 1673 et jusqu’à sa mort en 1687, Lully compose des tragédies lyriques au rythme d’une par an. Le merveilleux, la métamorphose, l’illusion y règnent en maître, grâce aux histoires rocambolesques de la mythologie antique. On est en plein baroque, alors qu’à la même époque s’épanouit aussi en France la tragédie classique de Corneille et Racine.
Sixtine de Gournay
1) Le Bourgeois gentilhomme, Cérémonie des Turcs (Le Poème harmonique, dir. V.Dumestre)
A lire également
2) Armide, Passacaille (Les Talens Lyriques, Chœur de chambre de Namur, dir. Christophe Rousset)
3) Atys, Ouverture (Les Arts florissants, dir. W.Christie)
A lire également
4) Te Deum, Ouverture (Les Pages du Centre de musique baroque de Versailles, Collegium 1704, dir. V. Luks)
5) Isis, Air “C’est lui dont les dieux ont fait choix” (Le roi danse, film de G. Corbiau)