Santé : L’Europe veut bannir de nombreuses substances chimiques de notre quotidien

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La Commission européenne s’apprête à interdire de nombreuses substances chimiques. Ces produits dangereux pour les consommateurs, et présents dans de nombreux objets du quotidien sont en passe de disparaître du marché.

« Ce serait un grand nettoyage des produits disponibles sur le marché »

L’Europe est en passe d’interdire les substances chimiques dans les produits du quotidien. Certains composants des jouets, des couches ou des canapés par exemple, sont susceptibles d’être retirés du marché. Le 25 avril, la Commission européenne a dévoilé sa feuille de route pour interdire de nombreuses familles de produits toxiques. C’est un texte historique selon les ONG et les nombreux spécialistes. En effet, les associations saluent ce texte majeur, et le travail de la commission européenne. Les efforts fournis par le Bureau européen de l’environnement qui regroupe plus de 140 organisations européennes sont sur le point d’être récompensés. Elise Vitali, chargée des politiques chimiques au BEE, souligne que cette mesure peut permettre un important changement pour les consommateurs : « jusqu’à présent en Europe, beaucoup de règlementations sur les produits chimiques ont été extrêmement lentes. Souvent les intérêts commerciaux ont pris le dessus sur la santé et l’environnement. Cette mesure est ambitieuse. Si elle est maintenue, ce serait un grand nettoyage des produits disponibles sur le marché ».

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Au total, 6 grandes familles de substances chimiques, identifiées depuis des années comme dangereuses ou préoccupantes pour l’environnement et la santé, sont dans le viseur de la Commission européenne : « des substances comme le bisphénol sont connues pour être des perturbateurs endocriniens. Certains types de plastiques tel le PVC contiennent souvent des additifs toxiques. Les substances utilisées pour minimiser les risques d’incendies sont également nocives ». En effet, les retardateurs de flamme présents par exemple dans les sièges de voiture ou dans certains vêtements sont connus désormais pour leurs effets délétères sur la santé. Les composés perfluorés sont également mis en cause. Ces produits chimiques, considérés comme éternels, persistent dans l’environnement et dans les organismes. Muriel Papin, déléguée générale de l’association « No plastic in my sea », avertit sur les dangers des composés chimiques de nos objets : « il y a de nombreuses études qui prouvent la causalité des perturbateurs endocriniens sur certaines pathologies, tel le diabète, le cancer ou l’infertilité. Ces substances ne sont pas seulement dangereuses pour l’environnement. Elles sont responsables de la détérioration de la santé humaine ».

 

Entre 4 000 et 7 000 substances pourraient être interdites dans les prochaines années

D’ailleurs ces substances sont présentes dans de très nombreux produits du quotidien. On les trouve dans les jouets, les couches, certains vêtements, les emballages alimentaires, les meubles, la peinture, les boîtes à pizza, etc. Selon les calculs du Bureau européen de l’environnement, entre 4 000 et 7 000 substances pourraient être interdites dans les prochaines années : « on espère que certaines de ces interdictions seront effectives en 2024. Il faudra malgré tout attendre 2030 pour que ses produits chimiques soient interdits dans toute l’Union européenne« . Cette feuille de route doit encore être discutée. Des dérogations pourraient être accordées pour les usages qui seront qualifiés d’essentiels. Les ONG appellent à ne pas faiblir dans cette dernière ligne droite.

Baptiste Gaborit

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