La rénovation énergétique des bâtiments est un enjeu essentiel pour la future neutralité carbone. Mais dans ce domaine la France n’y arrive pas, les émissions ne baissent que très lentement. C’est la conclusion d’un rapport du Haut Conseil pour le climat publié ce matin et qui appelle à s’inspirer des bonnes pratiques de nos voisins européens.
Le bâtiment représente 18% de nos émissions de gaz à effet de serre
Le bâtiment représente 18% de nos émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions ont baissé de 2,2% par an en moyenne sur ces dernières années, ce qui est plus de 2 fois moins que ce qui était prévu. En cause, des rénovations trop peu nombreuses et souvent inefficaces. Corinne Le Quéré, climatologue et présidente du Haut conseil pour le climat explique pourquoi malgré les efforts mis en place, la baisse est trop lente par rapport aux objectifs fixés : « On a une pratique qui fonctionne beaucoup par gestes, c’est-à-dire qu’on rénove une fenêtre ou une porte alors que ces pratiques ne permettent pas en soi d’atteindre des niveaux énergétiques très performants ».
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Il n’y a ainsi que 60 000 à 70 000 rénovations globales ou profondes chaque année et il faudra les multiplier par 10 dans 10 ans. Le défi est énorme. En Europe, la France est en queue de peloton sur ce sujet. Le Haut Conseil pour le climat s’est penché sur les performances de nos voisins européens. La Suède est le bon élève européen avec un parc quasiment décarboné totalement, des normes très ambitieuses et une politique de remplacement des chauffages au charbon ou au fuel par des réseaux de chaleur alimenté par des énergies renouvelables. Mais l’exemple le plus inspirant pour la France est l’Allemagne selon Corinne Le Quéré : « l’Allemagne a d’importantes subventions mais elles sont conditionnées au résultat. On n’y reçoit du financement seulement si on arrive à une performance énergétique établie d’avance. L’Allemagne demande un recours obligatoire à un maitre d’ouvrage, quelqu’un qui permet de coordonner les artisans pour aller vers quelque chose d’ambitieux ».
Pour le Haut Conseil pour le climat, il faut supprimer la TVA à 5,5% pour le secteur
Le Haut Conseil pour le climat recommande donc de généraliser les rénovations globales, de supprimer les aides aux gestes individuels, de conditionner les aides à l’atteinte d’un niveau de performance et de recourir à une maitrise d’ouvrage. « C’est indispensable » juge également l’économiste Patrick Criqui, directeur de recherche au CNRS qui travaille sur l’évaluation des politiques publiques énergie climat : « il faudrait absolument introduire un contrôle après les travaux opérés. Il n’est pas nécessaire de contrôler toutes les opérations, on peut imaginer un contrôle un peu aléatoire mais avec des pénalités pour les entreprises qui ne respecteraient pas les normes ».
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Le Haut Conseil recommande également de supprimer le taux de TVA à 5,5% pour le secteur et réaffecter les crédits pour plus de subventions. Le Haut conseil souligne également que les incitations seront insuffisantes. Il faut nécessairement des obligations, par exemple appliquer la loi énergie-climat qui prévoit une rénovation obligatoire pour les passoires thermiques en 2028.
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