Au Port de l’Arsenal à Paris, une petite révolution technologique s’est produite : un robot collecte 300 kilogrammes de déchets de la Seine chaque nuit. Une avancée technologique considérable pour une tâche complexe, traditionnellement faite à l’épuisette.
Selon un rapport, tous les poissons de la Seine sont contaminés aux microplastiques
Au niveau de l’écluse qui fait la jonction entre le canal Saint-Martin et la Seine, la fréquentation à quai comme sur l’eau ne faiblit pas. Les bouteilles en plastique, en verre et du polystyrène s’accumule. « Il y a beaucoup de touristes, des gens qui viennent pique niquer mais aussi des oiseaux qui apportent des déchets », explique Olivier Perez Gourbil, maitre de port principal du port de l’Arsenal, entre la place de la Bastille et le pont d’Austerlitz. Selon un rapport du Groupement d’intérêt public de Seine-Aval paru l’an dernier, tous les poissons et crustacés de la Seine seraient contaminés aux microplastiques. Les déchets citadins portés par le vent et le courant sont difficiles à ramasser pour les agents de nettoyages. « On le fait à l’épuisette, à la main. On n’a pas le choix, c’est pas un job agréable », souffle-t-il. Mais depuis quelques mois, on a remplacé l’épuisette par un robot électrique nommé « le collector », installé à quai par l’entreprise Poralu Marine. Il peut récolter 300 kilogrammes de déchets en une nuit sans intervention humaine précise Olivier Pérez Gourbil : « c’est un vrai progrès ». Cela a nécessité un fort investissement : 15.000 euros. « Entre les moyens humains et les différentes technologies, c’est 20% de notre budget qui passe dans le nettoyage du plan d’eau », détaille-t-il.
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Le problème demeure le tri des déchets collectés
Le « collector » ressemble à un « petit abribus d’environ 1 mètre 50 », selon Claire Touvier, responsable de la gamme « The Serial Cleaners » chez Polaru Marine. La cuve du « collector » récupère les déchets aspirés et un ensemble de flotteur permet à cette cuve de rester à la surface malgré les variations, explique-t-elle : « Ce qui est collecté finirait normalement dans la mer et sur le continent plastique ». La pollution des océans commence donc dès le littoral. Mais que faire ensuite de ces déchets ? Le tri est la principale problématique selon Claire Trouvier. « On se retrouve avec de la matière organique enchevêtrée dans de la matière synthétique, le tout est collant », décrit-elle. Mais avant même de pouvoir revaloriser les billes de polystyrène, il faut d’abord les trier. « On y travaille avec des laboratoires », promet-elle. Installée aussi au Canada, The Serial Cleaners est en partenariat avec une ONG et un réseau de scientifiques qui vont analyser les données récoltées par leurs robots sur les littoraux.
Laurie-Anne Toulemont