L’ONU doit lancer ce mardi 2 mars, à Nairobi au Kenya, des négociations sur un traité international pour lutter contre la pollution plastique. Les Nations unies parlent déjà de ce texte comme la principale avancée en matière d’environnement depuis l’accord de Paris sur le climat en 2015. Il est vrai que la pollution plastique est aujourd’hui un fléau.
Entre 9 et 12 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans chaque année
Chaque minute dans le monde, c’est l’équivalent d’un camion poubelle de plastique qui se déverse dans les océans. Selon Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la pollution plastique : « en Méditerranée par exemple, on a des zones où les concentrations plastiques sont équivalentes à celles du zooplancton dont se nourrissent les poissons. Donc imaginez que l’on vous serve le quart ou la moitié de votre assiette avec des petits morceaux de plastique, vous ne seriez pas très content. C’est la situation qui se passe aujourd’hui en Méditerranée ». Entre 9 et 12 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans chaque année. C’est une pollution souvent invisible mais qui se répand partout car elle prend la forme de microplastiques : « en fait, il faut imaginer la taille d’un grain de riz et ces microplastiques ont des durées de vie de plusieurs dizaines d’années. On a donc des stabilisants, des retardateurs de flamme, des colorants, des antioxydants à l’intérieur du plastique. Une fois que ces molécules vont être ingérées cela peut avoir des effets toxiques et des effets vraiment pernicieux sur toutes les espèces ».
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Des microplastiques que l’on retrouve aussi partout sur Terre, jusqu’au sommet de l’Everest ou au pic du Midi dans les Pyrénées. Alors pour l’instant, ce traité n’existe pas encore mais l’ONU va adopter une résolution créant un Comité intergouvernemental de négociation, lui donnant un mandat pour trouver un accord. Un mandat qui porte sur un traité international juridiquement contraignant, ce qui est une bonne nouvelle selon Arnaud Gossement, avocat spécialiste en droit de l’environnement : « c’est une petite victoire car pour l’instant, on parle bien d’un traité juridiquement contraignant comme l’a été par exemple, l’Accord de Paris sur le climat en 2015. Il appartiendra aux États ensuite, d’introduire dans leurs droits nationaux, les objectifs et les principaux moyens qui auront été définis dans ce traité ».
Coca-Cola et Unilever sont favorables à ce traité
Ce mandat va permettre aussi aux négociateurs de se pencher sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, c’est-à-dire de sa production jusqu’à sa réutilisation : « ce qui est très important, c’est qu’on ne parle pas simplement de gérer les déchets de plastique une fois produits, mais il est question de prévenir la production de plastique. Cela veut dire changer complètement notre économie, notre mode de consommation et quelque part, nos modes de vie aussi ». Les mesures de réduction de la production, les taxes sur le plastique ou encore des nouvelles interdictions sur des produits seront discutées. Il y aura également des mécanismes financiers pour aider les pays les plus pauvres à traiter cette pollution.
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C’est ce que demandaient les experts ainsi que les ONG, pour qui ce traité est indispensable. Pour Diane Beaumenay-Joannet chargé des sujets déchets aquatiques pour l’ONG Surfrider : « on a évidemment des actions ciblées pour l’instant en Europe, mais il faudrait une action internationale pour pouvoir réduire la production de plastique. Ces lois qui ont été décidées, notamment en France et en Europe, sur la réduction de certains produits plastiques ne sont pas suffisantes, surtout dans un monde où on est dans une économie interdépendante. On produit dans un pays, on consomme dans un autre et on envoie nos déchets dans un autre pays encore ». L’Union européenne et les Etats-Unis se disent aujourd’hui favorables à ce traité. Plusieurs multinationales comme Coca-Cola ou Unilever le sont aussi. L’ONU espère trouver un accord dans les 2 ans à venir.
Baptiste Gaborit