En Normandie, la construction d’un 4ème parc éolien en mer fait l’objet de nombreuses tensions. Le projet a été soumis à la commission du débat public, qui vient de rendre son rapport.
L’Etat veut placer 80 nouvelles éoliennes en mer
Dans la Manche, dès 2023, vont pousser des éoliennes un peu partout : au large de Fécamp, puis près de Courseulles et encore d’autres entre Dieppe et Le Tréport. Si les 3 autres parcs ont été imposés tels quels, l’État a cette fois choisi de consulter le public en amont pour savoir où placer 80 nouvelles éoliennes, qui s’étaleraient sur 100 à 150 kilomètres carrés.
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« Il n’y a déjà plus de place » répond Dimitri Rogoff, le président du comité régional des pêches de Normandie : « La Manche est une mer toute petite et on est déjà les uns sur les autres. Si on ajoute des développements industriels par-dessus, une bonne partie de la pêche française va disparaitre dans ces zones. C’est toute une économie qui est menacée. On parle de 1600 marins mais il y a 20 000 emplois dans le maritime en Normandie ».
Les Tours Vauban pourraient perdre leur inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO
La présence d’éoliennes de la taille de la Tour Eiffel, visibles depuis les côtes de la Manche est un autre problème. Sur ces littoraux se trouvent les plages du débarquement, les falaises d’Etretat mais aussi les Tours Vauban, classées au patrimoine mondial de l’Unesco et qui surplombent le village Saint Vaast la Hougue. C’est justement dans cette zone que la consultation publique a recueilli le plus de voix pour construire le parc éolien. Le maire Saint Vaast la Hougue, Gilbert Doucet nous explique les conséquences que pourraient avoir ce parc : « il est très clair dans la charte de l’UNESCO que le patrimoine visuel doit être préservé et donc avec une telle nuisance, c’est l’ensemble du réseau des 12 sites majeurs de Vauban qui perdraient l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. »
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Alors que les autres parcs éoliens sont prévus à moins de 20 kilomètres du littoral, Gilbert Doucet demande à ce que ce nouveau projet soit installé à 50 kilomètres des côtes. Les conclusions de la commission du débat public ne vont, elles, pas aussi loin. Francis Beaucire, président de la commission, précise le projet : « On pourrait être à 30 ou 40 km des littoraux. Il y aurait des éoliennes géantes dont la production double dans des endroits ou il y a plus de vent parce qu’on est plus loin des côtes. Ces éoliennes seront très espacées dans la mer. Le maître d’ouvrage dit qu’on aura environ 1,8 km entre deux éoliennes, ce qui veut dire que les pêcheurs pourraient pêcher dans les parcs ».
Les activités de chaluts menacées
Une promesse qui semble bien difficile à tenir selon Dimitri Rogoff : « cela dépend des conditions des mer, si on a des comportements d’évitement du poisson, qu’est ce qu’on ira pêcher dans les parcs ? Et les retours des collègues d’autres pays européens, notamment en mer du Nord, c’est que toutes les activités de chaluts ont disparu »
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Des inquiétudes pour les pêcheurs normands qui viennent s’ajouter à celle d’un possible Brexit dur, qui là encore limiterait leur zone de pêche. La commission du débat public souligne aussi le manque de connaissances scientifiques concernant l’impact de l’implantation des éoliennes sur les poissons et les fonds marins. L’Etat a 3 mois pour répondre au rapport de la commission.
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