Près de 2 mois après la catastrophe de Beyrouth due à l’explosion de plus de 2700 tonnes de nitrate d’ammonium, la France se penche sur le stockage de cette substance. Barbara Pompili, ministre de la Transition Ecologique et Bruno Le Maire, ministre de l’Economie lancent une mission de contrôle dans les ports français.
Entre 40 000 et 60 000 tonnes de nitrate d’ammonium passent chaque année à Saint-Malo
La France est un des principaux importateurs de nitrate d’ammonium, notamment pour des usages agricoles, ce produit servant à la fabrication d’engrais azotés. Cette substance est donc importée et arrive dans les ports français dans des quantités importantes. Paul Poulain est spécialiste en risques industriels, associé d’un bureau d’études : « Actuellement il existe en France plusieurs ports recensés stockant du nitrate d’ammonium, notamment à Saint-Malo et à Saint-Brieuc avec régulièrement 7000 tonnes de cette substance entreposées, c’est 3 fois la quantité qui a explosé à Beyrouth. »
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Le port de Saint-Malo voit ainsi transiter chaque année entre 40 000 et 60 000 tonnes de nitrate d’ammonium. Les conditions de contrôle dans les ports sont strictes : le débarquement se fait sous le contrôle des pompiers, les sacs sont disposés en îlots, il faut respecter une distance de 4 mètres entre chaque amas de sac. Il n’empêche, cette mission sur les conditions de sécurité était essentielle selon Jacky Bonnemains de l’association Robin des bois : « Les ports sont surtout des ports d’importation. Les bateaux qui arrivent doivent être au moment du transbordement et même avant le déchargement surveillés de très près pour vérifier que la cargaison est en état normal et pas susceptible de déclencher un accident. »
Les agriculteurs peuvent stocker jusqu’à 250 tonnes de nitrate d’ammonium sans réglementation stricte
La mission doit permettre de revoir le cadrage réglementaire actuel et d’évaluer également précisément les flux de nitrate d’ammonium qui transitent dans les ports chaque année, ce que l’on ne connaît pas aujourd’hui. Selon les informations de l’ONG Robin des bois, que nous n’avons pas pu confirmer auprès du ministère de la Transition Ecologique, la mission va s’intéresser également aux conditions de sécurité lors du transport de cette substance et de son stockage dans les exploitations agricoles car aujourd’hui, les agriculteurs peuvent stocker jusqu’à 250 tonnes d’engrais à base d’ammonitrate sans réglementation stricte.
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« Il y a beaucoup d’incendies dans les entrepôts et coopératives agricoles. » nous dit Jacky Bonnemains. « Il convient que les conditions soient améliorées et que toutes les parties prenantes, c’est-à-dire maires, pompiers, et même riverains soient informés des risques de cette matière capricieuse, traumatisante et meurtrière. »
Les résultats de la mission sont attendus dans 4 mois et pourraient donc déboucher sur une évolution du cadre réglementaire et des modalités de contrôle.
Baptiste Gaborit