Manifestation au Lac de Caussade : un nouveau Sivens ?

Le projet de retenue d’eau de Caussade (Lot-et-Garonne) a fait l’objet de travaux terminés illégalement par la Chambre d’agriculture. Une concertation était en cours avec tous les acteurs du dossier pour résoudre le conflit mais les discussions ont subitement pris fin.

Ecoutez 3 minutes pour la planète de Baptiste Gaborit :

 

 

Retenue d’eau de Caussade : un risque de crue tous les 10.000 ans

La préfecture vient d’engager une procédure à l’encontre de la Chambre d’agriculture. Dans un courrier envoyé fin février, la préfète du Lot-et-Garonne révèle les conclusions d’une étude menée par un cabinet indépendant et qui conclut que l’ouvrage n’a pas été achevé « dans les règles de l’art. Le risque de rupture est avéré ». Des conclusions contestées par le syndicat agricole, la Coordination rurale 47 et son président Pascal Béteille.

 

à lire aussi

 

« Il n’y a aucune raison que cela traîne. On annonce un risque de crue décamillénale ; une crue qui pourrait arriver tous les 10.000 ans. C’est absurde. La digue ne risque pas de céder. On a fait intervenir un bureau d’études qui a sonner la digue et tout a été fait comme il faut, avec des subventions de la Région. » Il est vrai que cette retenue d’eau avait été dans un premier temps autorisée, en juin 2018, avant de devenir illégale. Les ministres de l’Environnement et de l’Agriculture ont ensuite demandé l’arrêt du chantier ; ce que ne fera pas la Chambre d’agriculture.

 

900.000 mètres cubes d’eau pour irriguer les champs de 40 agriculteurs

La préfecture demande désormais de vider ce lac. Les agriculteurs, eux, refusent de revenir en arrière. « Sous les yeux des agriculteurs, on va vider le lac. On va gaspiller l’eau qui va partir dans l’océan. C’est une véritable provocation. C’est inadmissible », s’emporte Pascal Béteille. La coordination rurale appelle donc tous les agriculteurs à se mobiliser, ce matin, à 10 heures, devant le lac de Caussade, une retenue d’eau de 900.000 mètres cubes, indispensables selon eux pour irriguer les champs de 40 agriculteurs.

 

 

« Cela leur permettra d’irriguer les cultures et d’augmenter leurs revenus. Il y a encore des zones où il manque d’eau. Au lieu de faire des cultures sèches, on va pouvoir faire des semences avec une valeur ajoutée plus élevée, comme des betteraves ou des noisetiers pour gagner davantage d’argent. C’est quand même vital pour certains agriculteurs. » La préfecture, de son côté, laisse jusqu’à demain soir pour vidanger le lac. Sinon, des travaux d’office pourront être entrepris. Une décision qui s’impose pour Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement, qui s’oppose depuis le début à cette retenue d’eau.

 

Une réunion au ministère pour démêler ce dossier du Lac de Caussade

« Malgré les mises en demeure de la préfecture ces derniers mois, la chambre d’agriculture continue de remplir la retenue. C’est bien que l’Etat dise qu’il va faire des travaux d’office, parce qu’on ne peut pas mettre en péril les habitants qui sont en aval de l’ouvrage ». Le projet, selon lui, n’est rien d’autre qu’une privatisation de la ressource en eau, inacceptable dans un département confronté à des sécheresses régulières. « On a travaillé avec l’Etat et la profession agricole pour que ce type de projet soit issu d’un projet collectif de territoire, dans lequel on objective la ressource qui est disponible et en regardant quels sont les usages que l’on peut en faire ».

 

à lire aussi

 

« Ce que fait la Chambre d’agriculture, c’est prendre ce qu’elle veut, sans tenir compte des autres usages. On est au-delà de tout ce qui est admissible d’un point de vu fonctionnement démocratique dans une société ». Ce dossier du lac de Caussade est remonté de nouveau jusqu’au ministère de l’Environnement, puisque la préfète du Lot-et-Garonne et des parlementaires seront reçus demain par la Secrétaire d’Etat, Emmanuelle Wargon.

 

Baptiste Gaborit

 

Retrouvez d’autres articles de 3 minutes pour la planète