De l’hydrogène en quantité industrielle et produit à partir d’éoliennes, c’est désormais possible. C’est une première mondiale selon l’entreprise nantaise Lhyfe qui a inauguré hier, sa première usine installée à Bouin en Vendée.
« L’hydrogène sera considéré 100% renouvelable quand il y aura de l’électricité renouvelable »
C’est une usine construite au cœur du Marais breton en Vendée, dans un petit port ostréicole : le Port du Bec. Désormais, de l’autre côté de la route on y trouve l’usine Lhyfe et un peu plus loin un champ d’éoliennes. Selon Thomas Créach, directeur technique de l’entreprise nantaise, « l’usine est connectée à 3 éoliennes avec un câble de 3 km. On récupère l’eau de mer, c’est pour cela que l’on est venu à proximité de l’océan. On vient la prélever, la dessaler et la purifier ».
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L’eau et l’électricité sont les deux ingrédients de la recette pour faire de l’hydrogène grâce à ce que l’on appelle des électrolyseurs, « ce sont des grosses machines qui vont permettre de casser la molécule d’eau pour en faire d’un côté, de l’hydrogène et de l’autre, de l’oxygène. L’hydrogène sera considéré 100% renouvelable quand il y aura de l’électricité renouvelable ». Ce qui est le cas ici et que l’on appelle de l’hydrogène vert. Ce gaz est aujourd’hui produit très majoritairement avec du charbon ou du gaz naturel, il s’agit de l’hydrogène gris qui n’est donc pas très propre.
1 tonne de production d’hydrogène par jour l’an prochain et un prix à la pompe de 12 euros le kilo
Matthieu Guesné est le fondateur et PDG de Lhyfe, selon lui, « c’est une première mondiale puisque l’on avait jamais connecté à échelle industrielle une usine, qui produit 1 tonne d’hydrogène par jour, à des éoliennes. L’hydrogène c’est le nouveau carburant qui est en train d’arriver à cette mobilité ». 1 tonne par jour l’an prochain et un prix à la pompe de 12 euros le kilo. Il en faut 5 pour le plein d’une voiture. L’hydrogène est chargé dans des camions puis livré dans des stations-service à hydrogène. Cela va permettre de faire rouler des bus à la Roche-sur-Yon ou des chariots élévateurs dans des entrepôts de la région. Alain Leboeuf, président du département de la Vendée estime que sur le département, « c’est 3 véhicules dans un premier temps et puis nous allons poursuivre. La ville de La Roche-sur-Yon vient d’acheter un bus et il y a d’autres villes comme Saint-Gilles-Croix-de-Vie, les Sables-d’Olonne qui vont faire de même. Toutes sont en train de s’organiser pour acheter des véhicules ou des bennes à ordures ménagères utilisant l’hydrogène ».
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A la sortie du pot d’échappement il n’y a que de l’eau, une énergie renouvelable, produite et consommée localement. Un modèle duplicable un peu partout selon le fondateur de Lhyfe, Matthieu Guesné, « partout où il y a du renouvelable, on saura produite localement de l’hydrogène pour les usages locaux. On peut alimenter les bus, les camions de ramassage d’ordures. Ce site on peut le faire à l’échelle d’une tonne d’hydrogène par jour mais 10 tonnes ou 100 tonnes sont envisageables en Europe ». 20 projets similaires sont lancés en France et 40 autres en Europe, « dès l’année prochaine on aura un site en Allemagne, au Danemark, en Italie. On a au total, 60 sites répartis partout en Europe et dans lesquels il faudra que l’on investisse ». Lhyfe vient de lever 50 millions d’euros supplémentaires et compte recruter 80 personnes en espérant que l’Etat accélère sur le déploiement des stations-service hydrogène en France.
Baptiste Gaborit