Incendies en Australie : le changement climatique est bien en cause, selon une étude

C’était une des interrogations en Australie. Quel facteur attribuer au changement climatique dans les gigantesques incendies qui ont ravagé le pays ses 6 derniers mois ? Des chercheurs viennent de publier une étude, qui donne une partie de la réponse.

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La probabilité d’incendies en Australie a augmenté de 30%

La réponse, c’est que le changement climatique a bel et bien contribué aux conditions favorables aux feux. C’est le résultat majeur d’une étude publiée hier soir et menée par des chercheurs internationaux. Le changement climatique d’origine humaine a augmenté le risque d’incendie de façon considérable. « La probabilité d’avoir un incendie en Australie comme ses derniers mois a augmenté d’au moins 30% », indique Geert Jan van Oldenborgh, auteur principal de cette étude et chercheur de l’Institut royal météorologique des Pays-Bas.

 

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« Mais cela pourrait être beaucoup, plus parce que les vagues de chaleur sont un facteur majeur dans le risque d’incendies et les modèles climatiques sous-estiment l’impact du changement climatique sur elles. » Au moins 30% mais sans doute 80% en fin de compte. C’est l’estimation moyenne à laquelle sont arrivés les chercheurs. Plus précisément, il s’agit de la probabilité de conditions météorologiques propices aux incendies (température, sécheresse…).

 

L’état et la nature des forêts aussi en cause dans les feux

Et elle a augmenté : « Les feux sont dus à plusieurs facteurs, explique Robert Vautard, climatologue français et directeur de recherche à l’Institut Pierre-Simon-Laplace et autre auteur de cette étude. Il y a un facteur météorologique, mais il y a aussi d’autres facteurs comme l’état et la nature même des forêts. L’étude, elle, ne s’intéresse qu’à la partie météorologique. »

 

 

Et si les modèles climatiques estiment aujourd’hui que les vagues de chaleur en Australie sont 1°C plus chaudes qu’elles ne l’étaient en 1900, ce ne sont pas les résultats relevés par l’équipe de chercheurs. « On regarde chaque année la semaine la plus chaude de l’année. On s’aperçoit que son intensité a augmenté de 2°C. Une probabilité d’avoir une valeur comme celle qui a été observée a augmenté d’au moins 1 facteur 4 par rapport au début du XXe siècle. C’est sans doute beaucoup plus ».

 

Les canicules en France 10 fois plus probables qu’il y a 1 siècle

Preuve que les impacts du changement climatique sont déjà bien réels. Une vague de chaleur, comme a connu l’Australie en décembre dernier avec des températures à près de 50°C dans plusieurs villes du pays, est désormais 10 fois plus probable aujourd’hui qu’au début du XXe siècle. Et ce n’est qu’un début, explique Robert Vautard : « Dans l’hypothèse d’un climat 1°C plus chaud, c’est-à-dire 2°C plus chaud qu’à l’ère pré-industrielle, les conditions météorologiques de feux rencontrés en décembre 2019 seront au moins 4 fois plus probables ».

 

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« Ce qui, si on ne fait rien pour le climat, correspond à peu près à la moitié du siècle. » Un impact qui n’est pas limité à l’Australie. Les mêmes chercheurs avaient analysé les canicules de l’été dernier en France et elles sont, là aussi, 10 fois plus probables aujourd’hui qu’elles ne l’étaient au début du XXe siècle.

 

Baptiste Gaborit

 

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