Glyphosate : Le gouvernement veut inciter les agriculteurs à y renoncer

A défaut d’arriver à interdire le glyphosate en France, le gouvernement aimerait inciter les exploitant à y renoncer progressivement.

L’Etat propose 2500 euros pour les entreprises qui arrêtent le glyphosate

Une incitation à renoncer au glyphosate pourrait prendre la forme d’un « crédit d’impôt » car l’arrêter aujourd’hui représente un vrai coût pour les agriculteurs. Au final le prix de vente de la production reste inchangé que l’on utilise ou non la substance. L’Etat propose 2500 euros pour les entreprises qui décideront l’année prochaine et en 2022 de ne plus utiliser d’herbicide contenant du glyphosate. Edouard Brunet, président des Jeunes Agriculteurs des Hauts-de France, pense que c’est une somme bien insuffisante qui n’aidera pas à une sortie du glyphosate : « C’est utopique. Je n’ai aucun problème avec le fait de retirer le glyphosate, mais à la condition d’avoir une alternative ».

A lire aussi

 

Les exploitants réclament en effet un produit similaire. Alors que l’autorisation européenne du produit a été prolongée jusqu’en 2022, qu’il est interdit au Luxembourg et que son usage est limité en République Tchèque, la France tente timidement de donner des signaux, de mettre en place des alternatives mais le processus est long et périlleux.

 

80 tonnes de produits ont été importés de manière illégale depuis 2018 dans la Manche

De nombreux cas de fraudes existent. Dans la Manche, 80 tonnes de produits à base de dichloropropène ont été importés de manière illégale depuis 2018. Le produit est interdit en France pour des raisons environnementales. Les producteurs estiment être dans l’impasse. Ils dénoncent des interdictions sans solution. In fine, en France, se retrouvent sur les étals des légumes produits ailleurs en Europe, dans des pays qui utilisent encore le produit. Et le consommateur n’en sait rien.

A lire aussi

 

Nicole Ouvrard, directrice de la rédaction de Réussir Agra revient sur ce problème : « la difficulté c’est que les agriculteurs considèrent qu’ils sont en distorsion de concurrence par rapport à par exemple un producteur espagnol. Ce sera beaucoup plus facile pour lui de répondre à la demande et ce n’est pas pour ça qu’il y aura un écart de prix entre la carotte française et la carotte espagnole ».

 

Les services de l’Etat n’ont pas assez de moyens

Pour se débarrasser d’un stock, devenu interdit, c’est 900 euros par litre. Parfois, les agriculteurs se retrouvent avec des substances interdites sur les bras. C’est le cas lorsqu’un produit est interdit puis est suivi d’une dérogation annuelle. Alors les producteurs continuent d’acheter jusqu’au jour où la dérogation prend fin. C’est un cas d’école des fraudes aux pesticides nous explique Francois Veillerette, porte-parole de l’association Génération Future : « c’est quelque chose qui semble ne pas baisser et même plutôt augmenter au fur et à mesure que les produits sont retirés parce qu’ils sont trop dangereux pour l’environnement et pour la santé. Ce qui nous inquiète, c’est que les services de l’Etat ne sont pas dotés de moyens suffisants. Il faudrait plus de moyens pour vraiment suivre et repérer les trafics ».

A lire aussi

 

C’est sur les biens maraîchers que les fraudes sont les plus notables. A l’échelle mondiale, c’est une petite production et donc la recherche s’y intéresse peu. Pour accélérer la transition, le gouvernement a promis en novembre dernier d’allouer sept millions d’euros supplémentaires à la recherche d’alternatives au glyphosate.

Ecoutez 3 minutes pour la planète de Victoire Faure

 

Retrouvez l’actualité du Classique