Chaque année pendant l’hiver, sur les côtes européennes et nord-américaines, des dizaines de milliers de carcasses d’oiseaux marins sont retrouvées sur les plages. Une hécatombe qui s’explique en partie par les cyclones qui balaient l’Atlantique Nord. Ce ne sont pas les vents qui tuent les oiseaux, mais le manque de nourriture pendant ces tempêtes hivernales. Une étude inédite a été publiée le 13 septembre …
La plus grande étude jamais entreprise sur la migration des oiseaux marins
27 équipes de recherche internationales ont travaillé sur ce projet et 10 ans de données ont été accumulées grâce à des balises posées sur 1500 oiseaux migrateurs. Parmi les chercheurs, David Grémillet écologue marin et directeur de recherche au CNRS à la Rochelle explique que des petits appareils électroniques ont été fixé sur les bagues de ces oiseaux pendant leur migration. Elles informent les chercheurs sur la position des oiseaux « tout au long de leur migration entre leurs colonies de reproduction en Arctique pour aller rejoindre une zone qui se trouve à quelques centaines de kilomètres au large de Terre-Neuve ». Un grand rassemblement d’oiseaux marins, qui compte plusieurs millions d’individus sont ainsi attirés pendant l’hiver par la nourriture et les conditions plus clémentes. Les balises, qui ne pèsent qu’un gramme, ont été posées sur 5 espèces différentes d’oiseaux marins. Manon Clairbaux, principale autrice de l’étude, chercheuse au centre d’écologie fonctionnelle et évolutive à Montpellier évoque notamment « le mergule nain, le macareux moine qui sont deux espèces de guillemot ».
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Les chercheurs ont comparé ensuite les voies de migration de ces oiseaux marins avec les trajectoires des cyclones de l’Atlantique Nord. Ces cyclones traversent bien les zones où les oiseaux viennent hiverner. Ils se sont cependant rendu compte que la dépense énergétique des oiseaux n’est pas plus élevée que dans des conditions normales. C’est donc leur incapacité à trouver de la nourriture qui est mise en cause dans leurs décès.
Selon Manon Clairbeaux, la cause de ces décès s’explique par un non-accès à leurs ressources. « Soit parce que les conditions environnementales comme le vent, les vagues ne permettent plus de plonger. Ou alors, leurs proies sont parties à l’approche du cyclone et sont allées plus profond en mer ».
Cyclones : « les plus puissants ne vont cesser d’augmenter en intensité et en fréquence »
Les oiseaux qui ont de faibles réserves meurent de faim au bout de quelques jours et les cyclones pourraient bien devenir plus fréquents dans les prochaines décennies. Si certains modèles suggèrent une diminution des cyclones Manon Clairbeaux affirme que « les plus puissants ne vont cesser d’augmenter en intensité et en fréquence. » Leur trajectoire va être modélisée pour aller de plus en plus au nord avec le changement climatique cela signifie que si les oiseaux le suivent, « il existe un risque qu’ils se retrouvent de nouveau au contact de ces cyclones. » Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour ces oiseaux marins dont la population a été divisée par 2 ces 50 dernières années…
Baptiste Gaborit