Le gouvernement veut accélérer sa lutte contre la déforestation importée, c’est-à-dire la déforestation liée à l’importation en France de produits agricoles comme le soja ou l’huile de palme. De nouveaux outils ont été présentés hier mais ils peinent à convaincre les ONG.
Le gouvernement ne veut plus de déforestation importée en 2030
La France avait lancé il y a deux ans sa stratégie de lutte contre la déforestation importée, la SNDI. L’objectif est de mettre un terme à toute importation entraînant de la déforestation en 2030. Mais depuis 2 ans, il ne s’est rien passé ou presque selon les ONG. Cécile Leuba est en charge du dossier forêts pour Greenpeace et pointe du doigt ce qu’elle considère comme un échec : « ce qu’on a noté sur les deux années qui viennent de s’écouler, c’est un manque de moyens et un manque d’ambitions. Le gouvernement a décidé de miser sur la stratégie des engagements volontaires des entreprises alors que ces derniers ont fait la démonstration de leur échec. Le gouvernement se refuse à prendre des mesures contraignantes. Le constat est que la déforestation importée n’a pas reculé ».
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La secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité Bérangère Abba a donc annoncé hier après-midi de nouvelles mesures, avec notamment le lancement d’un guide des bonnes pratiques à destination des acheteurs publics. Un autre nouvel outil va être lancé, une plateforme sur laquelle les données douanières seront accessibles. En les croisant avec les données satellitaires, l’objectif est de retracer l’origine des produits. Sylvain Angerand est le coordinateur de l’association Canopée qui travaille sur ces sujets et il attend des précisions : « aujourd’hui on ne sait pas ce qui va être publié précisément. S’il s’agit seulement de dire que la France importe 2 millions de tonnes de soja du Brésil, ce n’est pas très intéressant. Il faut être capable de plus de précisions sur les zones de déforestation. Ainsi, les entreprises seront au courant et on pourra leur trouver des responsabilités en justice ».
Carrefour, Casino, Auchan, Leclerc,… s’engagent à mettre fin à l’utilisation de soja issu de déforestation
Hier la quasi-totalité des acteurs de la grande contribution, à savoir Carrefour, Casino, Auchan, Lidl, Système U, Mousquetaires, Leclerc et Métro ont annoncé un engagement commun sur la fin de l’utilisation de soja issu de déforestation. Bertrand Swiderski est responsable RSE du groupe Carrefour et explique cet engagement : « nous allons demander dans les cahiers des charges de nos produits à marque propre mais aussi à nos fournisseurs d’intégrer une clause de non déforestation et on va définir ensemble une date à partir de laquelle il n’y aura plus de déforestation liée au soja. C’est un acte important car tous les distributeurs se mettent ensembles sur une vision commune ».
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Ces nouveaux outils et ces engagements ne suffiront pas répondent les ONG. Il faut aller plus loin et passer à des mesures contraignantes. Les associations demandent au gouvernement de faire respecter la loi sur le devoir de vigilance, d’imposer aux entreprises des plans d’action dédiés à la déforestation. Ces moyens contraignants n’ont de sens qu’à l’échelle européenne selon Bérangère Abba. Le parlement européen a d’ailleurs voté le mois dernier un rapport qui réclame à la Commission européenne un cadre juridique en imposant par exemple aux entreprises de vérifier que leurs produits ne proviennent pas de terres qui ont été déboisées.
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