Les eaux usées seraient un bon traceur de la propagation du coronavirus. Plusieurs projets de recherche testent les stations d’épurations pour repérer précisément des zones d’habitation où pullule le virus.
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Il faut 4 heures en moyenne pour avoir le résultat de la détection du coronavirus dans les eaux usées
On sait que les selles des personnes infectées par le Covid portent les traces du virus. Alors en faisant une recherche dans 30 des quelques 22.000 stations d’épurations françaises, des chercheurs ont pu reconstituer les étapes de l’épidémie en France depuis début mars. « On a vu cette augmentation de la charge virale dans les eaux usées en parallèle de l’augmentation des cas cliniques, explique Sébastien Wurtzer, virologue chez l’opérateur Eau de Paris et participant au projet Obépine. Ensuite, on a vu cette décroissance, qui était le premier signe du confinement ».
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Alors, pourquoi ne pas prendre le problème à l’envers et tester les eaux usées pour détecter une possible reprise de l’épidémie, la fameuse seconde vague. « On va regarder si les stations d’épurations peuvent être des sentinelles au virus, précise Tristan Mathieu, délégué général de la Fédération des entreprises de l’eau. C’est-à-dire si à partir de ces stations, on peut remonter jusqu’à la source et identifier plus tôt une contamination, peut-être même avant que les symptômes apparaissent dans la population ».
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Il faut 4 heures en moyenne pour avoir le résultat de la détection du virus dans les eaux usées ; soit pour avoir une sorte de photographie de l’état de l’infection sur un réseau. Comme on sait que le virus est présent dans les selles très rapidement après la contactions du virus, le projet Obépine, est précieux pour Tristan Mathieu. « Cette vision collective va englober toutes les personnes qui sont susceptibles d’avoir été infectées par le virus et pas seulement celles qui se présentent à l’hôpital avec des symptômes sévères ».
L’Australie vient aussi de lancer un vaste programme de surveillance de ses eaux usées
Ces données sont aussi importantes parce qu’on sait maintenant qu’on va vivre longtemps avec le Covid-19. Et on ne sait pas tout du virus. Avec ces informations, on pourrait par exemple savoir si le virus est saisonnier. Mais là où les analyses des eaux usées s’avèreraient très utiles, ce serait pour alerter d’une eventuelle reprise de l’épidémie et trouver où géographiquement, le virus est actif, puisque les stations d’épurations sont présentes sur tout le territoire.
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« On connait parfaitement le tracé des canalisations et on serait donc capable de localiser une zone de contamination », assure Tristan Mathieu. Pour l’heure, on ne peut qu’isoler des zones d’habitation, car une fois qu’on tire la chasse d’eau, différents secteurs géographiques se rejoignent. Mais le virologue Sébastien Wurtzer, se dit qu’on pourrait très bien tester les eaux sales d’une collectivité spécifique, comme dans un Ehpad par exemple. Avant d’en tester chaque résident, on pourrait regarder dans les eaux s’il y a des traces de virus.
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« Si c’est négatif, on peut se poser la question de savoir si cela vaut le coup de tester les personnes individuellement ; ce qui est cher ». L’analyse des eaux usées est un moyen peu coûteux et efficace de surveiller l’épidémie. Alors les projets se multiplient. L’Australie a lancé un vaste programme de surveillance. En France, le projet Obépine, lui, devrait être mobilisé encore un an.
Victoire Faure