Comment est née l’agriculture biologique ?

L’agriculture biologique était un pari fou dans les années 60, devenu désormais une réalité. Retour sur les décennies de lutte des défenseurs de cette agriculture alternative.

Ecoutez 3 minutes pour la planète de Laurie-Anne Toulemont

 

Claude Aubert, pionnier de l’agriculture biologique

Claude Aubert, un des pionniers de l’agriculture biologique, sort aujourd’hui un livre qui retrace 60 ans de combat. Et à écouter ce journaliste en 1977, dans le tout premier salon parisien dédié au bio, on se dit que l’on revient de loin. « Je trouve ça bien d’aérer le sol. Est-ce vraiment réaliste ? » s’interroge-t-il. Claude Aubert découvre par hasard le bio un jour de 1965, il est alors ingénieur agronome.

 

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« Les agriculteurs bio en France, il n’y en avait peut-être pas une poignée mais quelques dizaines. En Grande-Bretagne, en Suisse, en Allemagne, le bio avait commencé bien plus tôt et donc je suis allé faire mon petit tour d’Europe. » Les premiers appels à cultiver sans engrais chimiques datent de l’entre-deux-guerres. Mais autant dire qu’ils sont restés très anecdotiques car après la Seconde Guerre mondiale, les paysans doivent nourrir la France. Leur fierté résulte dans le rendement résume Claude Aubert.

 

Mai 68 va changer les mentalités et faire entrer l’étude du bio à l’université

Le bio était alors considéré comme une pure folie. Ses partisans étaient marginalisés et le combat doit se faire dans les champs comme sur les bancs de l’université. « Il y avait une opposition totale du milieu enseignement et de celui de la recherche. On admettait pas qu’un étudiant puisse faire un mémoire sur l’agriculture biologique parce que c’était retourner aux pratiques de nos grands-parents ». Puis mai 1968 est passé par là.

 

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« A partir de ce moment-là, j’ai commencé à être invité dans les grandes écoles d’agronomie par des étudiants, alors que les directions d’école étaient contre. Tout ce qui était « remise en cause du système » était bien perçu par la jeunesse. » Dans des instituts comme l’INRA (Institut de recherche en agronomie), qui fait aujourd’hui référence en matière d’agriculture biologique, il faudra attendre les années 1980 pour que le bio soit sérieusement étudié.

 

Pour Claude Aubert, l’avènement du bio devra attendre la fin du pétrole

« A l’époque, j’avais parlé à un chercheur. Je lui avais demandé pourquoi il n’avait pas commencé plus tôt ? Il pensait que c’était une mode et que cela allait passer ». A partir des années 1980, on découvre les premières contaminations aux pesticides dans le lait maternel – l’un des grands combats de Claude Aubert – mais aussi la présence des perturbateurs endocriniens. Autant d’affaires qui poussent l’U.E. à mettre en place des normes, comme le label AB. Le pari fou du bio a-t-il été gagné ? « Oui, puisque tout le monde est d’accord que c’est mieux de faire du bio que du conventionnel. C’est déjà pas mal. Pour moi, il sera totalement gagné le jour où il se généralisera. Le jour où le pétrole coûtera tellement cher ou qu’il n’y en aura plus que l’on ne pourra plus faire d’engrais à base d’azote. » Un jour où peut-être, tous parleront comme ce grand féru d’engrais naturels Louis de Funès.

Le pari fou du bio de Claude Aubert, aux éditions Terre Vivante.

 

Laurie-Anne Toulemont

 

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