Super U va former une quarantaine d’artisans bouchers : cela peut paraître surprenant de voir un distributeur investir dans la formation mais c’est le cas de ce groupe de supermarchés et d’hypermarchés indépendants.
Un boucher peut gagner autour de 4000 euros bruts par mois
Ces jeunes, un peu partout en France, passeront une semaine par mois dans des écoles d’apprentissage pour recevoir une formation théorique et ils seront trois autres semaines sur le terrain pour l’apprentissage pratique. Et à l’issue de leur formation ils disposeront d’une garantie d’embauche et il faut savoir que dans ces métiers dits de bouche on peut gagner autour de 4 000 euros bruts par mois. On est pas dans un petit boulot précaire.
A lire aussi
Super U prend ainsi en charge la formation, parce que le groupe, comme toute la distribution, souffre d’un manque de main-d’œuvre qualifiée. Trouver des caissières ce n’est déjà pas toujours facile parce qu’il y a beaucoup de turn-over. Mais trouver des bouchers, des pâtissiers, des poissonniers c’est souvent très difficile. Le métier est dur et les besoins sont importants. D’abord parce qu’il y a beaucoup de magasins. Super U à lui tout seul c’est 1 600 points de vente.
Super U veut monter en gamme, et doit donc disposé d’un personnel qualifié
Et la stratégie dans le commerce c’est de monter en gamme, d’ouvrir des rayons frais où l’on vous sert pour la viande, le poisson, le fromage… Et pour ça, il faut disposer d’un personnel qualifié qui est rare. Donc la solution c’est en partie de le former soi-même. Super U a 1 700 postes de ce type à pourvoir. Et dans la grande distribution au total, ils cherchent 80 000 personnes dont 4 000 apprentis. Les distributeurs ne forment pas plus, parce que ce n’est possible que depuis la loi de 2018 sur l’avenir professionnel. Les entreprises peuvent désormais prendre en charge la formation.
Auparavant pour des raisons idéologiques, -à cause de bras de fer avec l’éducation et avec les syndicats- les entreprises n’avaient pas leur mot à dire et trop souvent les formations n’étaient pas très adaptées au monde du travail et donc ne débouchaient pas sur des embauches. Et ça nuisait à l’image de l’enseignement professionnel. Les choses changent progressivement. Assez lentement parce que pour les entreprises, former c’est d’abord un coût. Il faut créer des filières d’apprentissage. Et derrière il faut s’en occuper dans l’entreprise. A terme, si cela permet de disposer de compétences, ce sera toutefois un investissement rentable. Et c’est pour ça que l’on voit des initiatives se multiplier. L’Oréal veut former des coiffeurs, Accor des jeunes pour les métiers de l’hôtellerie. C’est plutôt une bonne nouvelle !
David Barroux